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nouvel état de choses... Il faut supprimer toute dépense superflue, en personnel aussi bien qu’en matériel. Nous entendons exiger qu’on ne soumette à notre approbation que des propositions basées sur un programme conçu de manière à donner le sentiment que nous sommes enfin revenus à la paix. »

C’est sur ces sages paroles d’un des représentants autorisés de la France que nous voudrions nous appuyer.

A la fin de 1918, notre dette s’élève à 170 milliards. Les allocations, prolongées pendant plusieurs mois, imposeront un lourd sacrifice, la conversion des bons communaux émis par les municipalités des régions envahies peut entraîner un débours de 2 500 millions ; les achats de blé, que l’Etat paie 75 francs le quintal et qu’il revend 43 francs au consommateur, ont causé une perte de cinq milliards.

Les charges nouvelles à inscrire au budget du chef de l’emprunt de 1918, des intérêts à payer pour les sommes empruntées par l’Etat français pour faire des avances aux gouvernements alliés, s’élèvent à 1 200 millions : les intérêts de notre dette extérieure (15 milliards avancés par la Grande- Bretagne et 12 et demi par les Etats-Unis) représentent une somme à peu près égale, 1 150 millions : d’autre part, il faut envisager la réparation des dommages de guerre, pour laquelle il convient de prévoir un premier montant de 25 milliards. L’intérêt annuel de ce capital porterait les charges nouvelles aux environs (de quatre milliards. Les pensions aux mutilés sont évaluées à deux milliards et demi. Les indemnités de vie chère qui ont été inscrites au budget extraordinaire ne disparaîtront pas immédiatement.

Le 24 septembre 1918, le ministre des Finances présentait un projet de loi portant fixation du budget ordinaire des services civils de l’exercice 1919, formant un total de 9 milliards de francs ; l’équilibre semblait obtenu. Malheureusement, il n’était qu’apparent. Les impôts nouveaux votés en décembre 1917 ont donné des mécomptes. Le timbre des effets de commerce, qui a été quadruplé, laisse 60 millions de déficit par rapport aux évaluations pour les onze premiers mois de 1918 ; la taxe sur les paiements, une insuffisance de 460 millions. On estime le revenu des douanes a 1 560 millions, dont la majeure partie est payée par l’Etat lui-même, qui fut, au cours de la guerre, le principal importateur. Il y a de ce côté une grosse