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Où, pour rayer de nos fastes soixante-et-onze,
Le Lion de juillet mit sa griffe de bronze
Au Livre scellé de sept sceaux.

O Victoires en deuil ! Chœur auguste et farouche,
Passez ! buccin au flanc, et le doigt sur la bouche,
Essaim au vol silencieux,
Et toi, qui leur donnas l’essor, Nuit triomphale !
Remporte en ton manteau de foudre et de rafale,
Le Dragon, son prêtre et ses dieux.

Et, pour que jamais plus, hors de l’étang de soufre,
Ne puisse le Damné, des puanteurs du gouffre
S’évader, pour tuer encor,
Et vider, pour changer la planète en géhenne,
Son cloaque de peste et ses chaudrons de haine,
Pour que bien morte soit la Mort,

Et, pour que rien de tel jamais plus ne puisse être,
O Fils ! souvenez-vous de ce dont les Ancêtres,
Les vaincus, nous nous souvenons.
Vainqueurs ! veillez, les yeux sur l’étoile polaire,
Prêts à démuseler encore la colère
Qui dort dans l’âme des canons.


L’AN MAUDIT


Nous ne sommes donc plus des vaincus ! — Nous ne sommes
Plus des vaincus ! — L’opprobre ancien est lavé.
Et la France conduit, de son glaive levé,
La Justice de Dieu qui revient vers les Hommes.

Les Pères vainement ont permis que faiblît
Le remords importun de la fatale Année,
Et, raillant la candeur de notre âme étonnée,
Que sur tant de douleur descendit tant d’oubli.