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UN COIN DE FRANCE PENDANT LA GUERRE

LE PLESSIS-DE-ROYE [1]

II[2]
L’attaque générale et le combat du 30 mars 1918


VII. — LA RUÉE ENNEMIE (21-29 MARS)

Elle arrive à temps, la 77e division, pour tenir le front du Plessis-de-Roye devant Lassigny, et défendre le massif de la Petite Suisse, dernier rempart de l’Ile-de-France, devant les forêts. Car la vague des divisions allemandes ne cesse pas de déferler, cherchant à s’ouvrir un passage qu’elle croira trouver successivement à Noyon, à Lassigny, puis à Montdidier. Paris, la capitale, est-elle leur but, ou Amiens, clé des communications franco-anglaises ? Le but est de finir la guerre par un grand coup à l’Occident, puisque l’Orient maintenant s’écroule, se désagrège, fond comme un bloc de glace au soleil.

Sous l’effroyable choc du torrent déchainé, le barrage anglais de la droite a sauté. Dès le 23 mars au soir, l’ennemi était maitre de la ligne de défense naturelle formée en avant de Noyon par le canal Crozat et par le canal de la Somme à Ham. Il précipite ses divisions les unes après les autres, celles de seconde ligne passant en première quand celles de tête sont fatiguées, puis celles-ci, à leur tour, reprenant leur place. Le 22, il en comptait six, rien que de Tergnier à Saint-Simon. Le 23, il en a dix. Et pour leur faire face, le général Pelle ne dispose

  1. Copyright by Henry Bordeaux, 1919.
  2. Voyez la Revue du 1er janvier.