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rébellion de Calvi, capitale de la province, augmenta la fermentation de la Balagne. Je jugeai alors convenable pour le service du Roi d’inviter M. Fabbiani, que j’avais déjà nommé commandant supérieur de la Balagne lors de mon débarquement en Corse, de réunir MM, les maires et de prendre avec eux les mesures de sûreté qu’exigeraient les circonstances, et ils déterminèrent que huit cents hommes seraient mis en activité ; ils arrêtèrent encore qu’une somme de six mille francs environ serait fournie par les plus imposés pour subvenir à la solde de ces deux cents hommes (?).

« Cette opération faite, j’en rendis compte au colonel Verrier qui désapprouva ma conduite et me somma de rentrer à Bastia, mais cet ordre me paraissant contraire au service du Roi, j’observai au colonel qu’abandonner la province en ce moment, c’était la livrer une seconde fois aux ennemis du Roi. De nouveaux ordres de la part du colonel me rappelèrent à Bastia, mais, convaincu qu’il n’y avait pas un instant à perdre pour garantir cette province d’une insurrection totale, je rassemblai autant de monde qu’il me fut possible ; je marchai contre Murat. Celui-ci me fit faire alors des propositions par le capitaine Moreti, du canton de Campoloro, en m’assurant qu’il ne voulait rien entreprendre contre la Corse et qu’il avait seulement le dessein de ramasser du monde pour reconquérir son royaume où il était attendu. » La conversation s’engagea donc ainsi, mais on n’a ici que le témoignage de Galloni. Il répondit, assure-t-il, que si même sa bonne volonté était de rendre service au roi Joachim, il ne pouvait rien sur l’esprit du colonel Verrier, avec lequel il était en discorde ouverte et connue. Il annonça donc qu’il marcherait le lendemain à la tête de six cents hommes, pour faire prisonnier le roi de Naples. Sur les observations que lui fit Moreti, il consentit à attendre quatre jours avant de se mettre en mouvement. « Si, dans cet intervalle, le roi Joachim s’était éloigné de cette commune, il promettait solennellement de ne point le poursuivre, ni l’inquiéter. »

Le conseil municipal du Vescovato se réunit aussitôt, et, sur le bruit que des mouvements étaient combinés et qu’une marche était ordonnée pour s’emparer du village, « vota une adresse où, en réservant les droits de l’hospitalité, il affirmait et jurait fidélité et soumission à S. M. Louis XVIII. Il réclamait pour son hôte, bien éloigné de nourrir dans son sein les sentiments