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retourner ensuite chez eux [1], et aux Kabyles, avec lesquels on a tenté un essai localisé en Eure-et-Loir. On peut admettre que l’appel des jeunes classes successives a été contre-balancé par l’accès des enfants vers l’adolescence. Enfin, des efforts ont été tentés pour développer le machinisme : efforts rendus très insuffisants par les circonstances, mais sur le développement desquels on peut compter davantage dans l’avenir.

Au lendemain de la paix, il manquera, dans nos fermes, outre les hommes tués ou mutilés, ceux que la vie en commun du régiment et le passage dans les villes auront dégoûtés de la solitude campagnarde, ceux que des salaires plus élevés attireront vers l’industrie ; puis une grande partie de nos anciens auxiliaires étrangers, et surtout des Belges, qui auront assez de travail chez eux, ou que des années de misère auront anémiés. Cette lacune se fera surtout sentir dans les propriétés de moyenne étendue, qui sont si nombreuses en France : les grandes exploitations pouvant davantage utiliser les machines et les petites étant sauvées par le travail familial. Elle se manifestera d’une façon particulièrement vive dans le Sud-Ouest, qui était déjà déserté, et, d’une façon générale, on peut s’attendre à ce qu’elle contribue, pour sa part, à prolonger et à accentuer la cherté de la vie.

En regard de l’agriculture, les mines sont assurément l’industrie qui dépend le plus de la main-d’œuvre, parce que, surtout avec l’allure géologique de nos couches houillères françaises, on ne peut y recourir que très partiellement au machinisme ; mais les solutions seront là facilitées par l’ampleur des capitaux que nécessite de plus en plus toute exploitation minière. La situation de nos mines était la suivante avant la guerre : dans les dernières années, le personnel y avait augmenté d’un quart pour la houille et doublé pour les métaux, par l’extension donnée à nos mines de fer. Cette augmentation du personnel n’était malheureusement pas due tout entière à un accroissement correspondant de la production ; elle tenait, en partie, à ce que le rendement du mineur français suit aujourd’hui une courbe descendante, contrairement à ce qui se passe dans toutes les autres industries.

  1. Le total de l’immigration espagnole a été, dans cette période, de 220 000. dont 128 000, comprenant 69 000 ouvriers agricoles étaient encore en France an mois d’avril 1918.