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demandent que l’on organise pendant la démobilisation de grands travaux d’intérêt général, des ateliers nationaux et qu’il y ait une caisse de chômage pour secourir ceux qui ne trouveraient pas aussitôt du travail. Des offices de placement ont été déjà institués, ainsi que des systèmes de prêts aux démobilisés, à intérêts réduits et remboursement éloigné. On annonce l’intention de congédier le plus grand nombre des femmes occupées en ce moment dans l’industrie et le commerce. Enfin, on discute, entre ouvriers et patrons, pour savoir si une loi imposera aux patrons la reprise de leurs anciens ouvriers ou employés, avec le même poste et le même salaire pour une période d’au moins six mois. Dans ces conditions, avec les vides immenses causés par cinq ans de carnage, on pense éviter des difficultés, qui deviendront graves pour nos ennemis, nous avons déjà eu l’occasion de le dire, si, contrairement à leurs espoirs, ils ne peuvent s’assurer un libre ravitaillement en matières premières.

C’est également le problème des matières premières qui, en Grande-Bretagne, parait devoir dominer au débat celui de la main-d’œuvre. Tout y dépendra de la promptitude avec laquelle on pourra reconstituer la flotte marchande indispensable pour les transports. Malgré la guerre sous-marine, les conditions à cet égard seront certainement plus favorables qu’en Allemagne, puisque, pour ces matières premières comme pour un complément de navires, l’Angleterre puisera chez des alliés bienveillants, au lieu d’avoir à implorer des ennemis. Les industries de paix ont pu y être ralenties ; mais elles fonctionnent et les commandes abonderont. Quant aux constructions de navires, nous avons dit quel élan avait été donné, dont les effets vont aller en s’accélérant. Il faudra néanmoins activer encore ces constructions, et beaucoup d’hommes démobilisés trouveront une place dans leurs chantiers. Les diverses branches d’industrie active occuperont le reste. On se propose d’instituer un tour logique de démobilisai ion en renvoyant d’abord les hommes dont le placement sera assuré, ou dont la profession paraîtra spécialement utile. Pour les autres, on a réorganisé 382 Offices de placement rattachés au ministère du Travail et composés, par moitiés, de patrons et d’ouvriers.

En France, les difficultés générales, qui se présenteront comme partout ailleurs, subiront une aggravation sur deux