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Dès maintenant, des efforts très précieux sont faits dans ce sens parmi lesquels il convient de signaler particulièrement les projets de MM. Brisac et Léon Bernard, et le projet de loi déposé par MM. Honnorat et Merlin, relativement à l’organisation, avec le concours de l’État, de dispensaires, de sanatoria et d’hôpitaux spéciaux contre la tuberculose.

Mais n’oublions pas pourtant qu’avec tout cela on ne s’attaque qu’aux effets et non aux causes. Il vaut mieux, dit la sagesse des nations, prévenir que guérir ; elle dit aussi : si vis pacem, para bellum, et c’est vrai contre le bacille de Koch aussi bien que contre les compatriotes de son découvreur.

Tant qu’on se contentera de soigner les tuberculeux, on n’aura employé que des palliatifs. Ce qu’il faut c’est attaquer courageusement le mal à sa racine, et non pas se défendre contre lui. Guerre à l’alcoolisme, guerre au taudis, application sérieuse des lois d’hygiène publique, amélioration du sort des humbles : voilà où il faut assaillir l’ennemi, si on veut que la France vive. Tout le reste, si beau que ce soit, n’est rien sans cela, ou du moins est peu de chose.

L’offensive, dans la guerre sociale comme dans l’autre, — et on devine que j’appelle guerre sociale la guerre de la société contre ses germes pathogènes, — est bien supérieure à la défensive.


Charles Nordmann.


P.-S. — Par suite du déplacement typographique d’une virgule, il s’est glissé dans ma dernière chronique une coquille numérique que je dois rectifier : à la page 459, les mortalités tuberculeuses indiquées sont non pour 10 000, mais pour 1 000 habitants, et les chiffres indiqués pour 1909 et les années suivantes en France sont 2,113 ; 2,116, etc. et non pas 21,13 ; 21,16, etc. Le contexte aura d’ailleurs permis à mes lecteurs de rectifier d’eux-mêmes.