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consciencieux de la situation de tous les États belligérants, proclame-t-il, ne laisse plus aucun doute que tous les peuples, de n’importe quel côté qu’ils se battent, désirent ardemment une prompte fin à la « lutte sanglante. » Deuxièmement, il s’en faut de peu qu’il n’avoue : « Le constant et étroit accord qui existe entre les quatre puissances alliées nous autorise à supposer que les alliés de l’Autriche-Hongrie, auxquels la proposition est adressée de la même manière, partagent les vues développées dans la Note. » Troisièmement, c’est la répétition, selon les règles de l’automatisme allemand, des démarches antérieures de décembre 1916, de mars 1917, de février 1918. C’est l’intrigue dont la coalition a fait, depuis quatre ans, précéder ou accompagner chacune de ses attaques, la fugue dont elle les a fait suivre, après qu’elles ont été manquées. Sous toutes les papillotes de ce style aulique, qui est bien le plus entortillé, le plus filandreux, le plus agaçant et énervant des styles, le parfait exemple de ce qu’il convient à un esprit clair, droit et honnête d’éviter, le ministre de Sa Majesté Apostolique nous offre de sauver l’Empire allemand et la monarchie austro-hongroise, ou, dans l’ordre qu’il préférerait, la monarchie austro-hongroise et l’Empire allemand.

Si la conversation ne doit pas lier les interlocuteurs, si même elle ne doit pas « interrompre les opérations militaires, » où peut-elle conduire ? À dissiper ce que le comte Burian appelle, par un euphémisme excessif, « des malentendus invétérés. » À « faire jaillir des cœurs les sentiments humanitaires si longtemps refoulés ? » Halte-là ! Nous ne voulons être « humanitaires » que pour ce qui n’a pas cessé d’être humain. Il y a, à la soi-disant proposition de Vienne, une question préjudicielle : « Peut-on traiter "ou simplement causer avec l’Empire allemand tel qu’il s’est comporté depuis son origine et révélé notamment depuis 1914 ? M. de Burian raisonne comme s’il ne s’était rien passé. Poser ainsi le problème, c’est le poser mal. C’est, de quelque façon, supprimer toute la moralité de la guerre ; moralité, au sens de leçon de la fable : « Cette fable prouve que… » Il faut que cette guerre prouve à jamais qu’il n’est permis à personne de violer impunément toute foi, toute loi, et tout droit. Le traité par lequel elle sera close aura « un riche contenu positif » s’il édicté et s’il assure, contre les États coupables et contre leurs chefs criminels, ces sanctions publiques et privées qui marqueraient le plus grand progrès accompli, au cours des siècles, dans la vie internationale.

En même temps que l’Autriche expédiait correctement et même solennellement sa Note aux belligérants et aux neutres, implorant