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s’écroulaient, découvrant une batterie qui perforait à bout portant la coque ennemie. — En vain les Allemands nous reprochent-ils ces ruses ! Qu’elles soient légitimes, cela ne fait aucun doute. De tout temps, le système des bateaux-pièges a été utilisé pour châtier les corsaires : il n’y avait aucune raison pour ne point l’adapter à la guerre sous-marine.


Quoi qu’il en soit, depuis que les bâtiments de commerce sont tous, ou presque tous, armés, les sous-marins, rendus plus prudents, évitent autant que possible de telles aventures. Les bateaux-pièges ne font plus fortune. Les occasions de tirer l’ennemi deviennent de plus en plus rares. Ne pouvant plus guère l’atteindre en surface, c’est donc sous l’eau que nous devons aller le chercher. Aussi bien, ce qui fait la force du submersible, c’est la faculté qu’il a de se rendre presque instantanément invisible en s’immergeant, et on comprend de reste qu’il soit malaisé d’atteindre un ennemi qui se meut dans une région inaccessible à ses agresseurs. Nous passons ainsi à l’étude des moyens offensifs contre l’ennemi en plongée.

Avant de tenter la destruction des sous-marins, on a d’abord essayé de les « pêcher. » La question des barrages a été étudiée et mise en pratique, dès la première heure de la guerre. On assimila le sous-marin à un poisson, et partant on recourut à l’emploi des filets. On prit d’abord ce qu’on avait sous la main : de simples filets de pêche. Les matelots harenguiers ne furent pas médiocrement surpris de se voir réquisitionnés pour promener leurs tramails dans le Pas de Calais à la recherche d’un poisson sur lequel ils ne comptaient guère. Bientôt, ces barrages de fortune, — que des appareils disposés sur l’avant du sous-marin coupaient assez aisément, — firent place à des filets métalliques à larges mailles résistantes.

Toutefois, la pratique de tels engins a révélé par la suite des difficultés plus graves qu’on ne le supposait. S’agit-il d’un barrage fixe, tel que celui qui a été tendu par les Anglais devant la côte belge ? Il ne peut être établi près d’une base de l’ennemi sans que celui-ci en soit prévenu. Il se présente vite une circonstance favorable où un bâtiment quelconque peut pratiquer une Crèche dans le barrage. Le passage ainsi créé reste, par cela même, connu de l’ennemi seulement, qui peut