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qu’en Angleterre, à la réquisition de tous les petits bâtiments, yachts, chalutiers, caboteurs, etc. Puis on construisit des unités dont c’était la fonction propre. Ces flottilles se développèrent à mesure que s’étendait le champ d’opérations des sous-marins. A l’heure actuelle, les Alliés possèdent des divisions de patrouille tout le long de leur littoral : mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée et jusqu’à Dakar ! En Méditerranée, l’ensemble des organisations de patrouille est placé sous l’autorité du commandant en chef français qui est commandant supérieur dans toute l’étendue du bassin. Sous ses ordres directs, un amiral anglais est chargé de la centralisation de ces forces. A la fin de 1917, la flotte de patrouille française comptait déjà 724 bâtiments : 44 étaient en cours d’armement et 248 en cours d’achat ou de construction. Ce nombre s’est augmenté depuis et atteint maintenant de 1 100 à 1 200. La plupart de ces unités se composent de bâtiments réquisitionnés et transformés, mais il existe également des types spéciaux : canonnières, sloops, avisos, vedettes canadiennes légères, etc. Comme nous sommes partis de zéro, les chiffres que nous venons d’indiquer donnent la mesure de l’effort accompli par notre marine, malgré l’aide que ses arsenaux ont apportée à la construction d’un matériel important destiné à l’armée de terre. Du côté anglais, la puissance des éléments de patrouille est encore beaucoup plus considérable. Au total, plusieurs milliers, de patrouilleurs, battant pavillon allié, sillonnent les mers en tous sens à la recherche des sous-marins allemands.

Certes, la plupart de ces bâtiments, surtout en France, sont employés à réaliser des opérations défensives d’escorte et de surveillance des convois : nous en reparlerons. Cependant, la mise en service de bâtiments rapides a permis, en Angleterre depuis longtemps, et en France il y a quelques mois, de constituer des escadrilles de chasse dont le but est la recherche et la destruction de l’ennemi. Bien entendu, celui-ci, pour ne pas perdre le bénéfice de son inviolabilité, se garde de se laisser canonner en surface par les patrouilleurs. Aussi a-t-il fallu toute l’ingéniosité de nos marins pour faire naître les occasions de « tirer le gibier. » Avec une vigilance de tous les instants, nos services de renseignements suivent les faits et gestes des sous-marins et se documentent sur leurs habitudes. Ils ont pu