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leurs unités et d’autre part notre passivité. Au dogme de l’invincibilité du submersible les événements se sont heureusement chargés de répondre. Mais combien il a fallu aux marines alliées d’indomptable énergie et de persévérance pour enrayer les progrès de la guerre sous-marine, puis en neutraliser en partie les dangereuses conséquences, on l’ignore dans les pays de l’Entente et surtout en France. Sur les torpilleurs, les chalutiers, les patrouilleurs, à bord des submersibles, du haut des hydravions et des ballons dirigeables, officiers et matelots ont acquis des droits imprescriptibles à notre reconnaissance. Cela d’autant plus que leurs faits d’armes sont restés généralement inconnus. L’amiral Ronar’ch a été justement célébré lorsqu’il commandait la brigade des fusiliers, mais on ne parle point des services qu’il rend à la tête des patrouilleurs de la Manche et du Pas de Calais ; on ignore l’œuvre de l’amiral Schwerer qui, à la pointe du Finistère, veille à la sécurité des convois. Cependant on ne dira jamais assez ce que l’on doit aux marins alliés et notamment à l’Amirauté britannique. C’est pourquoi nous voudrions, dans les pages qui vont suivre, présenter au lecteur un tableau aussi complet et exact que possible des efforts accumulés et des résultats obtenus.

Lorsqu’on fait la synthèse de la guerre sous-marine, trois courbes sont intéressantes à déterminer : celle de la destruction des sous-marins, celle de la perte des navires alliés, enfin celle de la reconstitution du tonnage détruit. Pour rendre plus claires les données schématiques de ce triple problème et les présenter sous forme concrète, la Marine française a fait éditer une affiche coloriée qu’elle répand à profusion chez les Alliés, chez les neutres et même chez nos ennemis. Les destructions de navires sont indiquées sous la forme d’un submersible coulant sous les coups d’un patrouilleur ou sous une grenade d’avion et que l’on voit progressivement grandir, tandis que le cargo-boat sombrant dans une explosion de torpille, qui symbolise les pertes alliées, diminue sensiblement de volume à partir du mois d’avril 1917. Ce même cargo-boat figurant sur la cale de construction en tant qu’indice de la reconstitution du tonnage, prend des proportions grandissantes à mesure que nous approchons de l’année 1918. Examinons séparément les trois points que nous venons d’indiquer, et commençons par énumérer les moyens dont on s’est servi pour détruire les sous-marins.