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du matériel balistique d’outre-Rhin, avec l’inscription commémorative que j’ai copiée pour le lecteur :


CAPTURED BY THE

YANKEE — DIVISION
2nd BATTLE OF THE MARNE

JULY 22nd 1918 AT TRUGNY


Le sous-officier Yankee se réjouit d’avance, à l’idée que ses compatriotes, dans sa cité natale, pourront lire les lettres majuscules qu’il est en train de peindre. Il espère que ce trophée, conquis à la seconde bataille de la Marne, ornera un des squares de Boston. Il est né au Massachusetts, comme la plupart de ses camarades de la division yankee, recrutée aussi dans les États voisins, tels que le New-Hampshire et le Maine.

C’est une division d’élite, dont les hauts faits appartiennent à l’épopée non moins qu’à l’histoire. Combien de braves, hélas ! elle a laissés sur le champ de bataille, ensevelis dans la terre de France, au cimetière voisin de ce bois de Belleau où déjà s’est illustrée, en de durs combats, la brigade de marine américaine ! Les Américains de l’armée du général Dégoutte ont combattu victorieusement à Monthiers, à Etrepilly, à Trugny, à Jaulgonne.


V. — LES AMÉRICAINS AU FEU

Au cours de la contre-offensive du 18 juillet, cette division était précisément placée au centre de l’armée du général Dégoutte, et, comme on dit, « en pivot, » au Nord-Ouest de Château Thierry. Lorsqu’une division est ainsi placée « en pivot, » elle doit se résigner parfois à marquer le pas, à régler sa marche d’après la progression concentrique des ailes tournantes. C’est ce qui arriva, dans la matinée du 18 juillet, à quatre heures du matin, lorsque fut déclenchée, entre Soissons et Château-Thierry, la magnifique contre-offensive qui devait dégager Paris, délivrer deux cents villages, rejeter d’un seul élan, des bords de la Marne aux rives de l’Aisne, l’ennemi forcé de laisser entre nos mains 35 000 prisonniers et 700 canons. L’élan de nos Américains, notamment des combattants de la division aujourd’hui cantonnée dans ce château, fut tel, qu’en se portant sur les premières positions allemandes, ils