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ROUTES

Quelques mots suffiront sur cette question. Son intérêt plus immédiatement sensible à chacun par un usage journalier et son côté touristique rendent les solutions plus faciles. Ce n’est pas pourtant que les dépenses à prévoir ici soient minimes. Des réfections vont s’imposer et il faudra parer au développement prévu de la circulation automobile. De ce chef seul, un devis récent comptait 360 millions pour 3 000 kilomètres de pavages à 120 000 francs et 500 millions pour 10 000 kilomètres de béton bitumineux à 50 000 francs le kilomètre. On admettait, en outre, la nécessité d’ajouter une quinzaine de millions par an au budget de nos routes nationales.

Il s’agit surtout de développer un réseau de routes à grande circulation, analogue à celui qu’entretient en Angleterre le Road-Board. Nos 40 000 kilomètres de routes nationales, que l’on avait à peu près abandonnées, sont appelées à reprendre une importance rapidement croissante, avec la multiplication des véhicules automobiles, qui ne peut manquer de succéder à la guerre et on ne saurait négliger non plus leurs affluents naturels, les 15 000 kilomètres de routes départementales et les 550 000 kilomètres de chemins vicinaux. L’installation des revêtements spéciaux en béton bitumineux exigera des installations industrielles, avec appareils mécaniques.


En résumé, la réorganisation de nos transports et leur adaptation aux nécessités de l’après-guerre vont comporter des dépenses importantes, devant lesquelles il paraît impossible de reculer. La situation sera tout particulièrement critique pour notre flotte marchande. Des travaux d’amélioration s’imposeront pour nos ports et nos chemins de fer. La navigation fluviale, par le fait qu’elle a été négligée, exigera un effort considérable. Enfin, on prévoit un milliard de dépenses pour notre réseau de routes. Beaucoup de ces charges prévues pourront être réduites dans une forte mesure si l’État, laisse agir les initiatives privées ou régionales en leur assurant la liberté d’action, un régime stable et les avantages des travaux exécutés.


L. DE LAUNAY.