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les rivières, contre 25,9 milliards de tonnes à un kilomètre, ou 280 millions de tonnes à toute distance, par voie ferrée. Sur ces 42 millions, le port de Paris entre pour plus d’un tiers : soit 15,2 millions de tonnes, dont 9 millions d’importations ; 3, 7 d’expéditions, 2 de transit et 329 000 tonnes de trafic local.

Le nombre de kilomètres navigables n’est qu’un premier élément d’appréciation, qui n’aurait rien en lui-même de décourageant, si un examen plus détaillé ne révélait, dans nos canaux, des insuffisances de tous genres. Tout d’abord dans les dimensions. Sauf trois ou quatre canaux maritimes qui ont 5 à 6 mètres de mouillage, sept ou huit autres qui accusent 2 m. 20 à 2 m. 60, les profondeurs d’eau ne dépassent pas 2 mètres et tombent à 1 m. 50 pour les canaux du Centre et 1 m. 25 pour le canal d’Orléans. Il en est de même pour nos fleuves. Excepté dans les sections maritimes et sur la Seine jusqu’à Paris, on n’atteint guère 2 m. 50. Nos écluses sont aussi très exiguës. Même sur les canaux les plus achalandés, le type d’écluse ordinaire mesure seulement 38 m. 50 de long et 5 m. 20 à 6 mètres de large. Ces dimensions restreintes ont forcé la batellerie à accepter des types de bateaux différents et à effectuer des transbordements. Le réseau établi en vertu des lois de 1879 et 1903 comporte seulement des péniches de 300 tonnes. La péniche modernisée « le la Seine peut emporter 300 à 350 tonnes de charge ; mais les Berrichons ne portent que 60 à 75 et les péniches de Bourgogne 130 à 160.

Il est vrai que, sur la Seine, nous employons, en outre, des chalands de 700 à 800 tonnes et quelques-uns atteignant 1 450 tonnes ; mais, sur le Rhin, malgré un faible tirant d’eau de 3 mètres jusqu’à Cologne et de 2 mètres jusqu’à Germersheim, le chaland de 3 500 tonnes est d’un usage courant jusqu’à Cologne ; celui de 1 500 tonnes remonte tout le cours avec des frets très bas. Là, comme partout, il y a avantage à augmenter les dimensions des véhicules pour diminuer les frais. Aussi beaucoup de techniciens préconisent-ils, ainsi que nous allons le voir, un réseau de grande navigation accessible à des péniches de 500 à 600 tonnes.

La quantité de nos bateaux est également faible. Nous n’en possédions que 14 000 avant la guerre, et 3 000 restèrent aux mains de l’ennemi. Nos remorqueurs sont également peu nombreux : à peine 230 (y compris une. vingtaine de