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seule base anglaise, qui y a été établie, avait déjà reçu, au 15 octobre 1915, plus de 5 millions de tonnes. Non compris cette base anglaise, la moyenne trimestrielle des navires atteignait 3487 au début de 1916, contre 3 342 en 1913. On a pu subvenir à ce transit, à la fois par une meilleure utilisation des moyens existants et par la création de moyens nouveaux, tout en cédant aux Anglais un tiers à deux cinquièmes du port. Des progrès indispensables restent à réaliser pour l’évacuation des marchandises vers Paris. On sait quelle en est l’insuffisance : gare a triage archaïque ; obligation de faire passer à la gare des trains venant des quais ; goulet d’Harfleur analogue à celui de la gare Saint-Lazare ; etc…

Tandis que le port du Havre grandit vers l’amont, celui « le Rouen s’accroît plus vite encore vers l’aval. L’émulation des deux ports normands est assez connue. Tous deux sont ports de raccordement des péniches fluviales aux cargos de mer pour l’importation vers Paris. Ainsi, en 1917, il a remonté sur la Seine de Rouen à Conflans, 1 223 000 tonnes venant du Havre contre 5 136 000 tonnes chargées à Rouen. En outre, chacun de ces ports a son rôle spécial : le Havre comme port d’escale pour les transatlantiques, Rouen comme ville industrielle.

Le port de Rouen, né à l’amont de la ville actuelle, s’est peu à peu allongé sur les deux rives de la Seine, en ajoutant, au fur et à mesure des besoins, un kilomètre de quais quand cela devenait urgent. Avec le développement intense des arrivages anglais, l’embouteillage y a atteint un moment des proportions critiques, et l’on a dû étendre à la hâte les quais de déchargement en multipliant les voies ferrées de raccordement. Actuellement, on y projette et on y exécute en partie de grands travaux, dont quelques-uns étaient en programme dès 1913 : approfondissement de la Seine pour donner un mouillage de 9 mètres aux navires ; régularisation du chenal par la construction de digues et de quais ; nouveaux bassins en creusement aux prairies Saint-Gervais ; quais sur 1 400 mètres de la rive droite jusqu’à Croisset ; bassin à Couronne donnantencore4 kilomètres de quais, etc…

Nos ports de l’Atlantique ont reçu un accroissement parallèle par les arrivages américains : en particulier Brest, La Pallice et Bordeaux. On peut y signaler, d’une façon générale, les appareils organisés par nos alliés pour la manutention et