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cette belle adresse qui coûta la vie à son auteur, mais qui, imitée par les autres départements, aurait peut-être fait réfléchir les factieux et modéré leurs violences.


« Citoyens,

« De grands événements sont arrivés le 10 août dans la première ville de l’Empire : le Roi, avec sa famille, s’est réfugié au milieu des représentants de la Nation ; le sang des citoyens a coulé ; le château des Tuileries a été un théâtre de massacres. Au milieu de ces troubles et de ces scènes d’horreur, un décret a prononcé la suspension du Chef du Pouvoir exécutif. Nous ignorons encore tous les détails de ces malheurs publics ; retenons notre jugement ; toute démarche précipitée pourrait nous jeter dans un abîme de maux.

« La Patrie est dans un danger imminent ; des armées ennemies la menacent ; nos frères, nos enfants se précipitent aux frontières pour s’opposer à l’invasion du territoire français. Se dévoueront-ils avec tant de courage pour que nous laissions la chose publique en proie à ses ennemis intérieurs ? Non. Nous devons dans cet instant nous réunir pour nous garantir des fureurs homicides dont tant de citoyens viennent d’être les victimes. Nous maintiendrons la sûreté générale ; nous surveillerons les propriétés en fléchissant sous le joug nécessaire des lois que nous avons acceptées ; tels sont les devoirs qui nous sont tracés dans ce grand péril. — Ce sera sous l’égide des lois subsistantes que nous écarterons de nous les horreurs de l’anarchie et de la guerre civile, ces deux fléaux de l’Humanité. Que les corps administratifs, les municipalités, les tribunaux, les juges de paix, les officiers de police, pénétrés de la sainteté de leurs devoirs et fermes à leur pays, fidèles au serment qu’ils ont prêté, remplissent toutes leurs fonctions avec constance et courage ! Que les gardes-nationales n’oublient pas qu’elles ont juré de faire respecter les lois ! Que les ennemis de l’ordre soient courageusement dénoncés ! Que les rigueurs de la loi s’appesantissent sur eux, comme sur tous ceux qui attenteront à la sûreté individuelle et aux propriétés ! — Enfin, que tous les citoyens ne cessent d’environner de leur confiance et de leur considération ceux qu’ils ont librement élus pour leurs représentants, leurs administrateurs et leurs juges ! Qu’ils aient sans cesse devant les yeux que ce sont eux qui les ont investis