Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/938

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE SCIENTIFIQUE

LE CANON D’INFANTERIE

De vives polémiques se sont élevées depuis quelque temps dans la presse à propos de la question du canon d’accompagnement de l’infanterie. Ces polémiques avaient été précédées d’autres non moins vives, mais plus discrètes, dans le champ clos des commissions d’expériences. Depuis les tentatives de percée disruptive des fronts inaugurées par les Allemands le 51 mars dernier et qui aujourd’hui d’ailleurs paraissent se retourner contre eux, ces controverses ont redoublé d’intensité. Des débats se sont produits, où la vigueur des arguments invoqués n’égalait pas toujours l’ardeur de la discussion. Je ne voudrais pour rien au monde, et je ne dois ni ne puis « pour cent une raisons » prendre ici parti. Ce que je voudrais, c’est, tâchant d’en abaisser… ou d’en élever le diapason du domaine des polémiques à celui d’un exposé purement objectif, m’efforcer d’examiner impartialement l’état du problème et ce qu’on peut raisonnablement induire des deux opinions contradictoires…

A priori d’ailleurs, — et il en est ainsi hélas ! dans toutes les choses humaines, — il est certain que ni l’une ni l’autre ne doit être parfaitement bonne ni parfaitement mauvaise, que la plus juste doit contenir quelque part contestable et que dans la plus fausse doit surnager un brin de vérité.

Telle est en effet, nous pouvons le dire dès maintenant, la conclusion à laquelle nous conduira un examen aussi impartial que possible, — errare humatmm est, — des doctrines en présence.

Il va de soi d’ailleurs que nous ne pouvons pas ici dire tout ce que nous savons. Au point de vue technique, je ne donnerai que des