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d’une petite île qui, collée au flanc du Varyag Njarga (nom lapon de la grande presqu’île Varanger), forme un port, le Busse sund, où le mouillage est sûr.

Là, s’agissant en fait d’un détroit (sund), ouvert au Nord et au Sud, les glaces flottantes descendues du lointain archipel polaire de François-Joseph ne se soudent point et suivent, en fondant peu à peu, le fil de l’eau encore un peu tiède du grand courant de l’Atlantique Nord.

Mais à Vardö et bien plus loin au Sud, au-delà du Varyag Njarga, on est encore, — politiquement, — en Norvège. C’est un peu à l’Ouest du petit fjord de Petschen[1], dont il est question depuis quelque temps, que commence ce qui fut autrefois une province de la Russie, ce qui est toujours le « Lappland » ou terre lapone et ce qui est revendiqué par le nouvel État finlandais. Mais on n’est pas encore, cependant, à la côte mourmane.

Pour y arriver, il faut, aussitôt après avoir dépassé le fjord de Petschen, doubler une nouvelle presqu’île, moins développée que le Varyag Njarga, mais qui ressemble à celle-ci comme une petite sœur à sa grande. C’est ce qu’en dialecte finnois on appelle le Rybatschii, sorte de bourgeon charnu qu’un pédoncule étroit greffe sur le Lappland ; et c’est au Sud de la baie de Motowsk, celle qui, du côté de l’Est, resserre ce pédoncule, que l’on se trouve sur la côte mourmane.

Arrivés là et passant sur quelques échancrures peu profondes, telles que le port Wladimir, nous voyons s’ouvrir devant nous le grand fjord d’Alexandrowsk-Kola, estuaire de 75 kilomètres de longueur du Tulom-jok (jok, fleuve, en finnois) ou Tuloma. À l’origine de cet estuaire et sur sa rive droite, au point même où s’y déverse la rivière de Kola, issue de l’un des innombrables lacs du Lappland, s’élève le gros bourg de Kola, voisin de Mourmansk, véritable terminus de la nouvelle voie ferrée Pétrograd-Kem-Kandalaksha.

Nous allons revenir sur ce point important. Finissons-en avec l’examen de la côte mourmane, en disant que l’influence du Gulf-Stream s’y fait encore sentir à plus de 200 kilomètres de là, jusque vers Warssinsk[2]. Aussi, bien que le caractère

  1. Ou fjord de Pefschenga. Ce dernier nom est celui du petit fleuve dont le fjord est l’embouchure et aussi celui d’un bourg de pêcheurs lapons.
  2. Havre de pêche du fond de la baie de l’île Nokujew (voir la carte ci-jointe ; détail de la côte mourmane).