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sainte, héroïque ! Elle sortira du vaste sépulcre des tranchées, rayonnante de gloire et transfigurée. Cela est certain, plus que certain. »


Les lettres de Boito, désormais et de plus en plus, respirent un fraternel enthousiasme. Il en est une qui nous annonce, nous promet l’alliance prochaine :


16 mars 1915.

« Sans la douleur, il n’est pas de transfiguration et de gloire, ni dans le ciel, ni sur la terre. Nous, nous n’avons pas encore traversé le feu de la purification, mais nous le traverserons, n’en doute pas. »

Maintenant, l’Italie est entrée dans la fournaise :


Juin 1915.

« Pour toi, qui m’es aujourd’hui plus que jamais cher, un noble embrassement.

« Gloire aux nations sœurs qui combattent ensemble… Le 20, j’ai eu la joie de donner ma voix au Sénat pour la belle guerre. Quel spectacle sublime ! Notre Rome exultante, enivrée de la passion de l’héroïsme, de la justice, de la gloire ! »


Août 1915.

« Je t’écris peu, mais à tout moment nous vivons l’un comme l’autre dans la même palpitation, dans la même attente de la gloire finale, plus certaine que toute certitude. Mais toute grande attente est pleine d’inquiétude et d’angoisse…

« Aimons-nous, aimons-nous ! Notre fraternité est indispensable à la cause de la civilisation. »


Mai 1916.

« Je suis heureux d’apprendre que la partie aérienne de ta famille continue à se faire honneur en défendant le ciel de France. D’autres héros français de l’éther ont admirablement combattu au-dessus de l’Adriatique, avec les nôtres. Anges gardiens de nos deux sublimes patries, soyez bénis ! »

De nos deux patries, hélas ! la voix du poète, qui les chérissait l’une et l’autre, ne célébrera pas le triomphe. Voici qu’elle s’affaiblit, cette voix généreuse et tendre, mais près de se