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Le comte de La Fayette, qui épousa Mlle de La Vergne, était neveu de M. de Limoges. Il était fils de Jean du Motier comte de La Fayette et de Marguerite de Borbon-Buffet. Il avait trois sœurs : celle qui devint la mère Louise-Angélique ; une autre, qui fut abbesse au monastère royal de Saint-Georges de Rennes ; et la troisième épousa M. de Chavini de Blot. Il avait trois frères aussi ; mais Charles, l’aîné, avait été tué à la bataille d’Etampes en 1631 ; le deuxième, Claude, était abbé ; le troisième, Jacques, était chevalier de Malte. Aucun de ces beaux-frères et belles-sœurs de Mme de La Fayette, hormis la mère Louise-Angélique, n’aura guère aucun rôle dans son histoire. Peut-être convient-il pourtant de mentionner l’abbesse de Saint-Georges, très noble et très vertueuse dame Magdelaine de La Fayette. Cette sœur de la mère Louise-Angélique avait eu d’abord une tout autre destinée. Elle était entrée au couvent très jeune, avant d’avoir pu connaître le monde ; et elle ne le connut jamais. De sorte que son sacrifice a moins de portée, moins de mérite ; mais il a une candeur plus parfaite. Et c’est un point sur lequel, à ses funérailles, le 28 juillet 1688, insista le panégyriste. Il la montre enfermée dans cette royale maison religieuse de Saint-Georges « dès le printemps de son âge » ; il la montre bien éloignée des sentiments de ceux qui, « ayant donné leurs plus beaux jours à l’amour du monde, de la chair et des sens, croient qu’il suffit d’offrir au Divin une vieillesse tout usée de crimes et l’esclave de la vanité. » À cette époque, la mère Louise-Angélique était morte depuis plus de vingt ans : on ne peut dire qu’elle n’eût donné à Dieu qu’une vieillesse tout usée de crimes ! Le panégyriste ne songe point à elle. Mais enfin, l’abbesse de Saint-Georges est la perfection de l’innocence : « La petite La Fayette consacra à Dieu les prémices de sa vie avec une volonté prompte et pleine d’affection. » L’une de ses tantes, sœur de M. de Limoges, était abbesse de Saint-Georges avant elle. Et elle fut maîtresse des novices, prieure ensuite, coadjutrice de sa tante et, à vingt-cinq ans, à la mort de sa tante, elle fut nommée abbesse. Des aventures mondaines de sa sœur, on ne sait pas ce qu’elle apprit. A Saint-Georges, la règle était sévère ; et elle-même tenait à ne la point adoucir. Comme elle était malade, les médecins dirent que le changement d’air la guérirait ; les religieuses la conjuraient d’obéir à ce conseil. Elle répondait :