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probable que Pierre de La Fayette a en effet durement travaillé à Nevers et à La Charité, Il mourut sans enfants. La lignée descend de son frère cadet Claude, lequel eut parmi ses fils un personnage remarquable et que Mme de La Fayette a connu, François de La Fayette, évêque de Limoges.

Il était né en 1590, au château d’Epinasse, en Auvergne. Comme plusieurs membres de sa famille avant lui, deux Motier de La Fayette et trois Motier de Champetières, il fut, et le fut à vingt ans, chanoine de l’église de Lyon, qui lui donnait le titre de comte de Lyon. Quand, au mois de juillet 1785, le général de La Fayette vint à Lyon, le doyen du chapitre lui rappela les trois La Fayette qui avaient été chanoines. François de La Fayette fut choisi pour aumônier ordinaire de la reine Anne d’Autriche, puis, en 1617, à la mort de Pedro de Castro, pour premier aumônier. C’est le commencement des honneurs. Le 11 janvier 1627, Louis XIII le nomma évêque de Limoges. Il fut sacré à Paris l’année suivante. La reine, Monsieur frère du roi, plusieurs princes du sang, le nonce du pape et quantité de seigneurs de la cour assistaient au sacre. Pendant la cérémonie, la reine ôta de son doigt une bague précieuse et la fit porter à M. de Limoges, qui, dans ses portraits, fut toujours représenté avec deux bagues, l’anneau pastoral et le présent de la reine. François de La Fayette quitta la cour et partit pour Limoges. Le soin de son diocèse le consola-t-il de la cour ? En 1635, pour l’assemblée générale du clergé de France, il revint à Paris et, à ce qu’il semble, fut repris du goût de ce brillant séjour. Il reparut à la cour. C’est le temps où Mlle de La Fayette, sa nièce, ayant ému le cœur du roi, se trouva être un bon instrument politique entre les mains des intrigants. L’attachement que M. de Limoges avait pour la reine engageait ce prélat contre le cardinal de Richelieu. Au bout du compte, M. de Limoges fut renvoyé dans son diocèse. Après cela, il paraît n’avoir plus cherché d’autre occupation que religieuse et mérita la renommée d’un excellent évêque. On admirait son « air majestueux » dans les cérémonies. Cependant, il suivait les règles de l’humilité ; il s’écriait : « Hélas ! je ne méritais pas d’être évêque ! J’étais indigne de ce caractère : j’étais propre à servir un maître et à être valet de pied ! » Ce poignant scrupule ne le tourmentait pas au point qu’il ne vécût environ quatre-vingt-six ans.