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Le travail en séries, auquel nous passons, nécessite une grosse vente et se rattache par-là à la spécialisation. Il est facilité par l’établissement de types uniformes que l’on désigne généralement sous le nom de standardisation. Il y a un avantage incontestable, aussi bien pour le producteur que pour le consommateur, à ce que chaque produit, chaque machine, chaque outil soient établis en un certain nombre de types déterminés et constants, suffisamment nombreux pour répondre à tous les besoins. C’est la substitution du vêtement tout fait à l’habit sur mesure. En éliminant le caprice individuel, on permet l’établissement de grosses séries qui diminuent le prix de vente. L’acheteur n’a qu’à se référer à un numéro de catalogue pour obtenir immédiatement une marchandise, dont il existe constamment des stocks. Les réparations, les remplacements de pièces dans une machine deviennent ainsi d’une facilité extrême…

On travaille beaucoup en ce moment dans cette voie, en essayant d’abord de systématiser les commandes de l’état et des grandes compagnies de chemins de fer, en établissant des modèles uniformes de cahiers des charges, etc. On comprendra tout ce qu’il reste à faire, si l’on se rappelle que nos compagnies de chemins de fer françaises ont six modèles de rails quand deux suffiraient et que la même fantaisie règne pour les locomotives, les wagons, les appareils de voie, les signaux, les engins de chargement. Dans la construction des châssis de wagons français, il entre vingt profils différents de poutrelles et vingt-sept de fer en U. Tout cela pourrait être progressivement unifié et simplifier du même coup les installations des métallurgistes. Le matériel de mines prête à des observations analogues : rails du jour et du fond, rails-guides, cages, berlines, câbles, treuils, ventilation, etc. De même, les moteurs électriques. Et il en est ainsi un peu partout. La reconstitution des régions envahies va fournir une occasion admirable pour procéder à de telles unifications dans les mines. L’association qui s’en occupe a déjà pu réduire à deux ou trois types les quarante-quatre pompes d’ennoyage nécessaires à nos exploitations saccagées. Un rapport récent de M. Carlioz signale encore le cas de nos quatorze grandes forges envahies, qui vont avoir à refaire tout leur outillage. Dix au moins auront besoin d’un train de laminoir à marche réversible et de sa machine