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UNE JEUNE FILLE
AU TEMPS DE LA FRONDE

MADEMOISELLE DE LA VERGNE
PLUS TARD MADAME DE LA FAYETTE
II.[1]

M. Costar était Parisien, de petite origine et fils d’un chapelier, pour quoi il observait d’habitude une cérémonie déférente, une humble politesse ; et Dalibrai disait qu’il avait toujours le chapeau à la main, tentant cela de son père. Il s’appelait en vérité Costaud ; mais ce nom ne lui allait pas ; il le modifia. Pour sortir de la chapellerie paternelle, il eut recours à l’Eglise. Il fut abbé. D’ailleurs, il était peu réglé dans ses mœurs, mais fort étudié dans son ajustement : on riait de sa « propreté, » qui ne l’empêchait pas de sentir la boutique.

Claude de Rueil, évêque de Bayonne et puis d’Angers, l’avait pris chez lui en qualité d’home de lettres. A la mort de ce prélat, en 1649, M. Costar eut un autre protecteur, l’évêque du Mans, M. de Lavardin. Et il était archidiacre du Mans, à l’époque de ses relations avec Mlle de La Vergue. Il avait cinquante ans et vivait bien, soignant sa goutte, se faisant lire les auteurs et donnant de beaux repas. Il venait de publier son premier ouvrage, la Défense des ouvrages de M. Voiture, dédiée à M. de Balzac. Il défendait la mémoire et les écrits de son ami M. Voiture contre Paul Thomas, sieur de

  1. Voir la Revue du 15 juillet 1918.