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renforcement, une attaque nouvelle ne conduirait pas à des résultats appréciables. »


La bataille eût donc pris fin dès le 25, si le Haut Commandement, instruit que Castelnau attaquait à gauche, n’avait de nouveau ordonné à la 6e armée de soutenir par son action le mouvement de la 2e ; si, d’autre part, l’ennemi n’avait, au centre et à droite, tenté un suprême effort pour rompre notre front.

Maunoury donna l’ordre de pousser les attaques, un instant abandonnées, « avec la dernière énergie, » du rebord Nord-Ouest du plateau occidental à la région de Crouy. Elles furent sans résultat : partout, on constatait les progrès énormes que faisaient les travaux défensifs allemands. Et c’est contre des positrons maintenant sérieuses et par surcroît hérissées de mitrailleuses, qu’une dernière fois se brisa l’héroïsme des vainqueurs de l’Ourcq. Le 29, le général en chef lui-même faisait connaître qu’autorisant des attaques partielles, il estimait que « l’offensive ne devait être poursuivie que si elle paraissait devoir donner des résultats importants. »

Sur le front anglais, c’était, au contraire, l’ennemi qui, pour couvrir sans doute le glissement vers l’Ouest de certains de ses éléments, parut prendre l’offensive. Un « bombardement continuel et vigoureux, écrit le Maréchal, persista toute la journée du 25. » Les Allemands poussaient leurs sapes vers les lignes de la première division de Haig et celui-ci dut, par une vive attaque, arrêter ces travaux d’approche. L’ennemi contre-attaqua, très vivement aussi, mais sans succès, et de violentes attaques se produisirent les 27, 28 et 29 sur le front de Haig qui les repoussa toutes avec sa coutumière énergie. « Il est certain que l’ennemi fit alors son dernier et suprême effort pour établir son ascendant. » Et sir John French concluait crue, cette tentative ayant échoué, la bataille se terminait. Le Maréchal commençait à se désintéresser du front de l’Aisne : il aspirait, il demandait à être reporté sur la gauche de l’armée française et j’ai dit dans une autre étude[1] combien « cette requête, en principe accueillie, se justifiait. Le général Joffre cependant faisait sagement d’ajourner d’exécution de ce considérable remaniement

  1. Voir notre Bataille des Flandres, Revue des 15 juillet et 1er août 1917.