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semblait-il, entre Tracy-le-Mont et Moulin-sous-Touvent, la contre-offensive allemande, on s’en tint là ; la consigne courut : « Se retrancher. » Et déjà elle indiquait un tournant de la grande guerre.


La manœuvre de notre gauche avait, somme toute, échoué. Il fallait que Castelnau la reprît, mais il s’éloignait du massif. Au centre et à droite, — chez les Anglais et à la 5e armée, — on en était à défendre difficilement contre l’offensive allemande les quelques positions conquises.

Sur le front anglais, le 1er corps seul était, on le sait, vraiment engagé, puisque, du Nord de Vailly au Chemin des Dames, Haig, par l’extrémité du plateau d’Ostel, le ravin de Brave et le Nord du plateau de Chivy, rejoignait à peu près en plein massif méridional le 18e corps français. Le reste de l’armée anglaise marquant le pas au pied de la falaise de Vailly à Bucy-le-Long, en passant au Sud de la rivière devant Condé, le 1er corps fut seul aux prises avec l’ennemi pendant ces journées du 17 au 21, qui marquèrent l’effort contre-offensif de l’armée allemande.

Il tint bon. Si, dans l’après-midi du 17, le flanc de la 1re division était menacé, une contre-attaque du régiment Northampton déblaya un instant le terrain : se glissant, à la faveur du brouillard, jusqu’à une centaine de mètres des tranchées ennemies, nos alliés, mettant baïonnette au canon, sautèrent sur l’Allemand et le chassèrent, après une lutte qui coûta cher aux deux adversaires. Trois attaques allemandes étaient repoussées avec le même succès ; mais le chef d’état-major du Maréchal, le général Wilson, déclarait que « l’armée maintenait partout ses positions, mais ne serait pas assez forte pour attaquer en masse. »

Des avis qu’il recevait du Grand Quartier Général français au sujet de la manœuvre par l’Oise, le Maréchal continuait à induire que le rôle du centre et de la droite des Alliés se réduisait à tenir bon encore quelques jours ; l’esprit d’entreprise du 18e corps à sa droite, tout en l’édifiant, l’effrayait un peu… « L’essentiel « était maintenant pour lui d’organiser « une guerre de siège » et la relève dans les tranchées. Peut-être verrait-on sous la pression de Maunoury, — ou devant la manœuvre de