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franchir dans la région de Châlons, en direction de Vouziers. « Se liant étroitement aux Anglais, » d’Esperey continuait sa marche vers la région de Reims, ne comptant aborder le massif que par le corps Maud’huy, à l’extrémité du plateau de Craonne.

Ce vaillant 18e corps montrait un « cran » qui excitait l’admiration du général d’Esperey. Le général de Maud’huy lui avait fait passer son « diable au corps » et n’ayant pu, selon son gré, foncer sur le flanc de Klück, rêvait d’aller relancer l’ennemi sur le plateau de l’Aisne avant qu’il eût pu s’y installer. Il s’était rapidement engagé dans la vallée de la Vesle et, malgré l’encombrement des routes et la pluie diluvienne, il arrivait, le 11 au soir, dans les environs de Fismes quand il apprit que le corps de cavalerie Conneau s’était heurté, à Fismes même, à une forte résistance et n’avait pu la vaincre. D’Esperey, qui, le 11 au soir, ignorait l’échec de la cavalerie à Fismes, poussait ses corps, le groupe Valabrègue, vers Berry-au-Bac, Guignicourt, Juvincourt, la trouée de Champagne, le 3e corps vers Saint-Thierry et Thillois, en direction de Brimont, le 1er vers Reims. Cependant « les corps d’aile gauche devraient être prêts à s’orienter, le cas échéant, au Nord de l’Aisne, pour agir contre les forces allemandes signalées vers Soissons. »

Dans la journée du 11, le 3e corps enlevait les hauteurs de Saint-Thierry au Nord-Ouest de Reims, tandis que les 1er et 10e poussaient leurs avant-gardes jusqu’aux faubourgs de la ville.

Le 18e corps étant arrêté par l’accrochage de la cavalerie à Fismes, ordre lui fut donné d’intervenir : ayant ouvert le passage, il se porterait vers l’Aisne, la franchirait, aborderait le « plateau de Vieux Laon, » — notre Bibrax de César, — et pousserait, de l’autre côté de l’Ailette, jusqu’au château de La Bove, tandis que le groupe Valabrègue jetterait ses avant-gardes vers Amifontaine et Prouvais, dans la trouée. On pensait que la résistance qu’on commençait à rencontrer sur toute la ligne n’ « avait pour but que de gagner du temps » et on espérait partout la vaincre.

Maudh’uy porta, le 12, sa 38e division sur Fismes où l’ennemi continuait à disputer le passage et, à 15 heures, les ponts de Fismes étaient enlevés après un combat court, mais