Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/803

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
BATAILLES DE L’AISNE

II. [1]
LA BATAILLE DE 1914


I. — DE LA MARNE A L’AISNE

« L’éternel champ de bataille » : ainsi nous avons qualifié cette région de l’Aisne où, à toutes les époques de notre histoire, — les plus reculées et les plus proches, — les armées se sont heurtées. Champ de bataille où, après César, après Clovis, après les petits-fils de Charlemagne, après les Capétiens, après Jeanne d’Arc, après Mazarin, Napoléon était apparu, y jouant sa fortune et la perdant ; champ de bataille encore où, du 10 au 13 septembre 1914, les armées françaises étaient ramenées derrière l’ennemi, battu, en de mémorables journées, sur la Marne et courant vers le Nord. C’était dans ce massif de l’Aisne, c’était dans cette forteresse naturelle dont nous avons dit le formidable caractère, que forcément l’Allemand, en mauvais arroi, devait chercher à se réfugier pour y faire tête à nos armées victorieuses. C’était vers elle qu’il nous entraînait. C’était devant elle que, des mois, des années, nous devions mettre le siège avant de pouvoir en conquérir, au cours de l’année 1917 seulement, la première muraille.

Telle était cependant, dans les journées du 11 et du 12

  1. Voyez la Revue du 1er août.