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est de savoir dans quelle mesure nous aurons intérêt à vendre des minerais ou des produits de plus en plus finis.

Si nous avions assez de charbon, il est évident que, plus on incorpore de main-d’œuvre dans une matière première avant de.la vendre, mieux on en tire parti. Pour le fer, il y a un premier échelon difficile à franchir, c’est la transformation en fonte ; plus on pousse loin ensuite, plus le rôle du charbon se restreint par rapport à celui de la main-d’œuvre. Il semble donc que nous devions nous disposer à employer une très forte partie du charbon que nous pourrons extraire ou acheter au dehors pour développer notre industrie sidérurgique, quitte à faire peu de bénéfices sur l’élaboration première, afin de pouvoir gagner sur les transformations qui doivent aboutir à créer chez nous une industrie de construction mécanique à peu près inexistante. Nous y trouverons d’autant plus d’avantage que nous sommes gros consommateurs de telles machines et qu’il était un peu humiliant pour notre amour-propre national de voir, dans nos usines, des machines originaires d’Angleterre, de Belgique, d’Allemagne, ou quelquefois de Suisse.

La lutte sur le marché du fer est particulièrement difficile, parce qu’il s’agit de la matière industrielle par excellence, produite abondamment dans les pays concurrents et fortement influencée par la dépense de houille. Pour faire de la fonte, on dépense en moyenne 700 kilogrammes de charbon converti en coke par tonne de minerai lorrain ; pour transformer la fonte en acier, 300 à 400 kilogrammes par tonne d’acier Martin, etc. Sur ce marché où on lutte à coups de centimes, nous trouverons assez facilement à vendre des minerais, plus difficilement à vendre de la fonte ou de l’acier ; avec plus de peine encore, des rails, poutrelles, grosses tôles, etc. Là, tout particulièrement, la nécessité d’une entente entre les producteurs s’impose pour spécialiser les fabrications et grouper les ventes. Mais, sur une échelle moindre, nous pourrions appliquer des conclusions analogues à toute autre industrie exportatrice.

Maintenant, faut-il adopter, pour toutes les industries, le principe de l’association et en pousser les conséquences jusqu’à leurs extrémités logiques ? Nous croyons que, dans certains cas au moins, il convient de faire des restrictions.

Tout d’abord, il est des productions qui, par leur nature même, par leur irrégularité capricieuse, par le fini qu’elles