Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se dispense dès qu’on le veut bien, on retrouverait vite mieux employé ailleurs l’argent dissipé sous ces deux formes de fumée.

Pour l’usine, c’est encore plus évident. La disette amenée par la guerre a fait apparaître au jour une foule de ressources, sur lesquelles on ne comptait pas, et appris à mieux tirer parti de ce qu’on possédait en s’ingéniant. Le besoin a créé l’organe. Ainsi, dans nos usines appliquées à la guerre, on a pu souvent doubler la production sans construire de nouveaux ateliers. Avec un nombre de bateaux moindre, on a réalisé plus de fret en les faisant circuler davantage. On est arrivé à des prodiges d’ingéniosité dont l’histoire ne pourra être écrite que plus tard. Du haut en bas, nous devons poursuivre, suivant la même méthode : la suppression des mouvements inutiles, des doubles emplois, des fausses manœuvres ; l’utilisation stricte de toutes les forces négligées ou perdues ; la récupération des énergies dépensées en chaleur, en électricité, en mouvement, en bruit, en gravité ; enfin l’utilisation de tous les déchets.

Nous sommes ainsi amenés à envisager le problème sous deux faces : 1° économies à réaliser dans l’ensemble de l’organisation industrielle ; 2°économies à obtenir dans chaque usine en particulier.


I

Si nous commençons par l’organisation d’ensemble, nous nous trouvons en présence d’une première très grosse question générale, celle du groupement, de l’association et de la centralisation, entraînant comme un corollaire la spécialisation dont il sera question plus tard. Tout le monde est d’accord, au moins en théorie, pour prêcher le groupement, d’après le proverbe que l’union fait la force. On ne peut manquer d’être douloureusement frappé par le contraste entre notre dispersion et la forte coordination allemande. L’Allemagne croit à l’organisation et sait qu’il en faut. Nous nous sommes bornés trop longtemps à en parler d’une façon abstraite. Il y a donc, comme on dit vulgairement, « quelque chose à faire. » Mais le premier point serait que l’entente désirée et officiellement provoquée entre industriels ne fût plus de nature à constituer, un peu d’arbitraire aidant, les éléments d’un délit. Certain article 419