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un signe d’approbation, et le Piémont cessait d’être un État monarchique et ses provinces étaient réunies à la république cisalpine ou veut être partagées entre celle-ci et la république de Gênes. » Le quatrième numéro de La France vue de Cannée d’Italle publia, au mois d’août 1799, un manifeste intitulé : « Ce qu’on pense en Italie de l’état de Paris. » En Italie, à l’armée d’Italie, « on n’est pas tranquille ; » en d’autres termes, Bonaparte n’est pas tranquille. Les partis sont toujours en présence. Des bruits courent : la Liberté, les Constitutions, la République seraient en péril ; la Patrie serait en péril. Eh ! bien, qu’est-ce qu’en dit le Directoire ? Il ne dit rien, mais dit ceci, ou cela, corrige ce qu’il vient de dire, se contredit et enfin ne dit rien. Ce qu’on attend de lui, c’est la vérité, même sévère, ou effrayante. Le pouvoir exécutif du « premier peuple de l’Europe » se déshonore, s’il prend « l’attitude mesquine et timide d’une faction alarmée. » De deux choses l’une… Après cela, qu’il parle et qu’il agisse ! « Quoi ! la France commande la paix aux nations ; et les chefs de ce peuple tout-puissant hors de chez lui ne réussissent pas à s’entendre ? Les lauriers se flétriront, l’olivier se séchera… Voilà ce qu’on dit, ce qu’on pense, dans cette armée placée près des lieux où se tiennent les conférences avec l’Autriche, loin du siège des deux premières autorités de la République, plus loin encore de la ville où sont réunis les plénipotentiaires français et anglais. Nous sommes livrés à des incertitudes, à des craintes, à des conjectures ; mais ce n’est pas l’ennemi du dehors qui cause les alarmes ; ce sont les troubles intérieurs, c’est la discorde civile, c’est la lutte, le choc, l’ébranlement des pouvoirs constitués, qui fait trembler les amis de la liberté. » Un bel article de journal, sans doute ! Mais beaucoup d’autres confrères de M. Périvier, jadis et naguère, en ont écrit d’analogues et ont pressé les « autorités de la république » de n’être pas nonchalantes, disant : « Il n’y a plus une faute à commettre… » La différence est que le journaliste de La France vue de l’armée d’Italie donne à entendre son projet d’intervenir. Les autres, quand ils déclarent qu’il n’y a plus une faute à commettre, la faute sera commise : et ils n’auront pas bougé. Le journalisme de Bonaparte et celui de Napoléon, c’est l’efficacité du général et de l’Empereur qui le caractérise. Alors, ce n’est pas du journalisme.

Bonaparte fonda aussi deux journaux en Égypte, le Courrier d’Égypte et la Décade égyptienne. Et puis, ce fut le Consulat. Bonaparte, au lendemain de Brumaire, disait : « Si je lâche la bride à la presse, je ne resterai pas trois mois au pouvoir. » La Constitution de