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REVUE LITTÉRAIRE

NAPOLÉON JOURNALISTE[1]

« Journaliste nous-même, dit M. Périvier, c’est uniquement au point de vue professionnel que nous avons essayé de faire revivre la figure du plus illustre et du plus redoutable de nos confrères. » Ce confrère de M. Périvier : Napoléon. Et l’ancien directeur du Figarovvient de consacrer à Napoléon journaliste une étude fort amusante, écrite peut-être un peu vite et où ne manquent pas toutes les petites fautes que l’on commet au courant de la plume. Ainsi, cherchant des précurseurs de Napoléon journaliste, il a trouvé le cardinal de Richelieu, lequel, dit-il, insérait parfois des articles dans le Mercure de France. Mais il y avait trente ans que Richelieu était mort, quand parut le premier numéro du Mercure, alors galant et qui ne devint Mercure de France qu’un bon demi-siècle plus tard. Qu’importe ? Et, en somme, l’exactitude méticuleuse n’est pas tout le mérite d’un ouvrage : une certaine promptitude a bien son charme.

« Avant d’aborder Napoléon journaliste, dit encore M. Périvier, il n’est pas hors de propos d’établir qu’il fut un grand écrivain, un maître dans l’art d’exprimer sa pensée, sans quoi il n’eût point été un vrai journaliste… » Un grand journaliste, si l’on veut ! Mais un vrai journaliste n’est pas, de toute nécessité, un grand écrivain : les directeurs de journaux n’arriveraient pas à recruter leurs équipes. Les vrais journalistes ont en général une simplicité, une bonhomie, une modestie que l’on connaît peu. Ils sont rarement de grands écrivains :

  1. Napoléon journaliste, par M. A. Périvier (librairie Plon).