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les tentatives d’accaparement allemandes. Aux États malais, il se présente, comme pour la Chine, une petite difficulté tenant au grand nombre d’exploitations appartenant à des Chinois ; mais elle ne semble pas impossible à lever. Reste la Hollande qui, depuis la guerre, a été le fournisseur unique de l’Allemagne et qui, en fait, élabore à peine, pour elle-même, 250 tonnes d’étain par an. Quant à la Bolivie, où l’Allemagne tente de grands efforts, l’exportation se dirige actuellement vers l’Angleterre et les intérêts français y sont importants.

On retrouve une situation analogue pour le nickel, dont la production mondiale se divise à peu près totalement entre le Canada et la Nouvelle-Calédonie. Tandis que les Alliés fournissent 389 000 tonnes de minerai, les ennemis n’en ont que 14 000 à leur actif et les neutres 1 000.

Enfin, sans vouloir poursuivre indéfiniment cette énumération pour des substances de moindre importance, comme le jute des Indes anglaises, les peaux de bœuf sud-américaines, le tabac, le cacao, le café, etc. nous signalerons encore la force de la France sur le marché des phosphates, qui sont devenus une matière première tout à fait indispensable à l’agriculture. Ces phosphates ont deux sources principales d’inégale importance : les phosphates de chaux naturels que l’on transforme en superphosphates et les scories phosphatées produites par le traitement de certains minerais de fer. La production mondiale des phosphates, qui atteignait environ 7 millions de tonnes en 1913, provient presque exclusivement des pays alliés : 45,25 pour 100 de la France et de ses colonies, 43,8 pour 100 des États-Unis (Floride, Caroline, Tennessee, avec d’immenses réserves peu utilisées dans l’Ouest) ; 5,4 pour 100 des colonies anglaises ; 2,6 pour 100 de Belgique ; au total 97,3 pour 100. Il reste 2,3 pour 100 pour les ennemis, venant en grande partie des colonies allemandes d’Océanie et 0,4 pour 100 pour les neutres (Russie incluse). En particulier, nos gisements africains peuvent être considérés pratiquement comme une source inépuisable… Quant aux scories phosphatées, le grand centre de production européen est le bassin lorrain, qui va nous revenir.

Avant la guerre, les Centraux consommaient environ 1 000 000 de tonnes d’acide phosphorique par an : dont 270 000 sous forme de superphosphates et 733 000 sous forme de scories. Les phosphates importés venaient : pour moitié des États-Unis et