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des tubes de fer creux remplis de sodium. Avec le fer, le poids est plus fort, l’altération plus rapide ; le magnétisme du fer donne lieu à des phénomènes d’induction. Le zinc manque de résistance à la traction et s’altère vile quand il n’est pas pur. En réalité, on n’a pu opérer ces remplacements que pour les téléphones ou télégraphes à petite distance.

Reste le procédé de défense ordinaire, qui a consisté à rassembler des stocks aux États-Unis, un peu en Espagne et en Suède. Mais le raffinage du cuivre aux États-Unis appartient seulement à 22 sociétés, dont 5 fournissent à elles seules les quatre cinquièmes de la production. A elles seules, deux d’entre elles, l’United Métal Selling C° et l’American Smelling C° fournissaient un tiers. Un contrôle exercé sur les ventes de ces grandes sociétés est donc particulièrement facile.

L’étain est encore un métal pour lequel les Alliés peuvent assez aisément s’assurer le monopole. La question se présente ainsi. Sur une production mondiale de 131 175 tonnes en 1913, l’Angleterre et ses colonies en ont produit 83 000, soit environ les deux tiers : États malais, 66 800 ; Afrique du Sud, 5 700 ; Cornwall, 5 300 ; Australie, 5 200. Puis viennent la Bolivie avec 23 200, les Indes hollandaises (Banka et Billiton) avec 17 400, la Chine avec 8 400. Par suite des minerais qu’elle importe et sur lesquels elle peut exercer un contrôle, l’Angleterre alimente la moitié de la consommation mondiale et le grand marché de l’étain est à Londres.

Si nous plaçons en regard les besoins, nous voyons que la France absorbe 7 400 tonnes d’étain, l’Angleterre 12 000 et l’Allemagne, en temps normal, 18 000. Cette forte consommation allemande s’explique par le commerce très important d’étain brut et manufacturé que fait l’Allemagne. A cet effet, elle traite chaque année 17 000 tonnes de minerais étrangers (notamment un quart de la production australienne), dont elle retire 11 000 tonnes d’étain. Sa propre production de minerais indigènes est tout à fait insignifiante. Néanmoins sa Metall-Gescllschaft occupait une place disproportionnée sur ce marché, dominait les ventes en France et en Italie, agissait à la Bourse de Londres par de puissants organismes anglo-hollandais. Il semble qu’on puisse tout au moins arrêter le commerce allemand d’exportation de l’étain. L’Australie est toute disposée à lui retirer sa production, ayant officiellement reconnu et dénoncé