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marché du cuivre européen, en le transportant de Londres à Hambourg et à Berlin ?

Posons les données précises du problème. Si nous prenons les chiffres de 1913 : sur 1 000 000 de tonnes au total, la production de cuivre des Alliés montait à 792 000 tonnes, celle des ennemis à 31 000, celle des neutres (Russie incluse) à 170 000. Les États-Unis tiennent de loin la tête avec une production qui dépasse 55 pour 100 du total. Il faut ajouter que la production des-neutres est, en grande partie, dans des mains alliées qui contrôlent effectivement les mines d’Espagne, le Boleo au Mexique, Corocoro et beaucoup d’autres mines au Chili, etc.

D’autre part, les Centraux employaient annuellement 300 000 tonnes, dont 260 000 pour l’Allemagne seule (198 000 prises aux États-Unis, 13 000 en Australie), et cette consommation croissait très rapidement d’année en année. Actuellement, en poussant les mines allemandes du Mansfeld, les mines serbes de l’or, quelques gisements turcs, ils ont pu doubler à peu près leur production de paix. Néanmoins, la disette sera grave le jour où ils voudront reprendre les industries normales et restituer aux particuliers tout au moins une partie des objets en cuivre réquisitionnés. Sans doute, une partie du cuivre utilisé par l’armée, ou mis en stocks par les sociétés de guerre, reviendra à la vie civile ; mais une partie seulement. La restriction du cuivre agirait sur le commerce d’exportation de ce métal et de ses alliages, bruts, mi-œuvrés et manufacturés (soit 400 millions). Les machines et appareils électriques représentaient à eux seuls 120 millions et occupaient, en 1907, 119 000 ouvriers ; le travail des articles de cuivre et alliages en cuivre 151 000 ; celui des appareils d’éclairage, 26 000 : Avec les ouvriers occupés à la métallurgie du cuivre, on dépasse un total de 320 000 hommes, qui peuvent être mis sur le pavé par une simple décision des États-Unis et de l’Angleterre.

Dans quelle mesure les Allemands pourraient-ils se passer du cuivre ? La répartition de leur consommation comportait 50 pour 100 pour l’électricité, 38 pour 100 pour la mécanique et 12 pour 100 pour emplois divers. Cette dernière catégorie peut substituer d’autres métaux au cuivre. Pour la mécanique, c’est déjà plus difficile. Le fer, la fonte et le bois, qu’on a essayés, s’usent trop rapidement. Quant aux applications électriques, on a bien préconisé des fils de fer, ou de zinc, ou même