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faisait une grosse exportation d’objets caoutchoutés, chiffrée par environ 200 millions de francs/et si on remarque que la presque totalité de la production est, pour les prochaines années, aux mains des Alliés, tout particulièrement des Anglais et des Brésiliens, accessoirement des Français et des Belges, on voit qu’il y a là encore un point fort intéressant à étudier.

Le grand emploi du caoutchouc, celui qui s’est surtout accru depuis vingt ans, c’est l’industrie des automobiles, bicyclettes, etc. Cette industrie est importante par elle-même ; et elle l’est également, en paix comme en guerre, par les facilités qu’elle contribue à donner pour les transports et, par suite, pour le reste du commerce. L’industrie de l’automobile va accélérer son développement, du fait même que l’usage des automobiles aura été vulgarisé par la guerre, qu’un grand nombre d’appareils militaires passeront aux civils et surtout que nombre d’usines outillées pour le matériel de guerre seront amenées à employer leur outillage à la fabrication des véhicules. Aux États-Unis en particulier, la multiplication des automobiles entraînera une consommation croissante de caoutchouc.

Le caoutchouc est une de ces substances dont les deux courbes de production et de consommation montent très vite, en sorte que, tantôt l’une, tantôt l’autre, se trouve en retard : d’où de violents mouvements de prix accrus par la spéculation. Quelque temps avant la guerre, le caoutchouc manquait. Sans la guerre, on prévoyait, au contraire, vers 1918 à 1920, un excès notable de la production. En fait, avec les restrictions imposées à son usage, le caoutchouc, par une exception rare, n’a guère augmenté de prix.

La production a presque triplé de 1900 à 1915, passant de 54 000 tonnes à 158 000. Par la mise en valeur progressive des plantations, ce mouvement s’est accéléré depuis la guerre. On évalue couramment la production à 200 000 tonnes en 1916, 250 000 en 1917, 340 000 en 1920. Il semble donc qu’il doive y avoir alors un moment de surproduction contraire à toute idée de restriction ; et on s’est demandé si, pour l’empêcher, l’Etat anglais ne devrait pas réglementer la culture du caoutchouc comme celle du tabac, en trouvant du même coup une source de revenus importante. L’objection très forte est l’existence d’immenses plantations hollandaises qui échapperaient à de