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économique paraît devoir être le plus vive, en insistant particulièrement sur la situation des deux belligérants qui nous intéressent avant tout en des sens contraires, la France et l’Allemagne. Toutes ces substances ne se présentent pas dans les mêmes conditions. Pour certaines que nous laisserons de côté, comme les céréales et les combustibles, la question sera de ravitailler la France, l’arme économique ne pouvant ici blesser l’Allemagne. Pour d’autres qui nous occuperont seules, il faudra examiner avec quelles chances de succès nous pouvons essayer de rationner nos adversaires. Au risque de troubler un instant certaines illusions, nous signalerons, dans chaque cas, les difficultés, généralement peu inquiétantes, que doit rencontrer notre offensive, soit par la possibilité pour les Allemands de puiser chez les neutres, soit par la ressource qu’ils auront de développer la production dans les pays soumis à leur pouvoir, soit enfin par les produits de remplacement qu’ils pourront utiliser. Ces fissures prévues à notre blocus d’après-guerre ne l’empêcheront pas d’être extrêmement gênant pour eux dans la plupart des cas, alors qu’il s’agira de soutenir avec avantage une concurrence industrielle.

Nous ne pouvons songer à dresser ici une liste complète qui tournerait en une sèche statistique. Nous ne pouvons non plus développer l’étude des substances choisies qui, pour la plupart, comporteraient chacune une monographie. Nous nous bornerons donc à des exemples typiques, en mentionnant à ce propos les éléments essentiels de la discussion. Dans les statistiques suivantes destinées à montrer la nécessité d’importer une matière, soit en France, soit surtout en Allemagne, les chiffres donnés pour les importations représenteront toujours, sauf avis contraire, la balance nette entre les importations et les exportations.

Les matières premières nécessaires aux industries textiles et, en premier lieu, le coton, par lequel nous allons commencer, constituent une de nos meilleures armes économiques. Les refuser à l’Allemagne serait la toucher à l’un de ses points les plus sensibles. Au total, l’industrie textile occupait en Allemagne plus d’un million d’ouvriers et il lui fallait chaque année 110 0000 tonnes de fibres, dont 930 000 lui étaient fournies par les pays en guerre avec elle. Nous envisagerons successivement le coton, la laine et la soie, en montrant