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Comme des elfes invisibles
Tous ces petits parfums contents
S’en vont s’insinuant, sautant
Sous les fins herbages flexibles :
Frais piétinement clandestin
Qui rend la Nature attentive !
Les vents légers ont ce matin
Cette odeur d’onde et de lointain
Qu’ont les vagues contre les rives.
— Divine spontanéité,
Jeunesse éternelle du monde,
Verte cosse où mûrit l’été,
Printemps en qui l’espoir abonde,
Ah ! demeurez à peine ouvert,
Ne dépliez pas vos feuillages,
C’est vous la fierté du jeune âge,
Car les étés vont vers l’hiver !


ESPÉRANCE


La couleur onctueuse et suave du soir,
Où le soleil couchant répand une eau dorée,
Enveloppe le cœur d’une joie mesurée
Où s’insinue un vague et désirant espoir.

Espoir de quoi, pauvre être ? Oui, un orchestre tendre
Semble jouer au fond de l’horizon vibrant,
Comme ces violons secrets et murmurants
Qui dans des loggias masquées se font entendre.

Et je rêve, et j’espère, et ne sais point pourquoi.
L’espace sans défaut est une perle immense ;
Chaque fois que le soir est rêveur, clair et coi
Il semble qu’un bonheur quelque part recommence.