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Vous êtes de dolents soupirs
Dressés sur la brise amollie ;
Mais puisque la mélancolie
N’est que le voile du désir,

En quel lieu, dans quelles, ténèbres,
Le crime enivrant du plaisir,
À la fois bachique et funèbre,
Vient-il sur vous s’appesantir ?

Quand glissez-vous, furtives, promptes,
Voraces aussi, vers celui
Dont le cri puissant vous conduit
Par delà l’espoir et la honte ?

— O biches, dont le noble ennui
Dans les bleus matins se promène,
Je songe à ces heures des nuits
Où vous avez une âme humaine…


SOLITUDE


Je t’aime, mais je rêve, et mon être sans borne,
Quand le croissant des nuits montre sa belle corne,
Attiré vers les cieux par des milliers d’aimants,
S’élance, et va s’unir à tous les éléments.

Pourtant c’est toujours toi que mon désir réclame,
Mais comment pourrais-tu dominer sur mon âme,
Si tu ne peux bannir de mon cœur ébloui
Ce pouvoir d’espérer par quoi je te trahis ?