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Le vent, vif compagnon du souffle, gai transport
Qui s’allie avec la poitrine,
Qui fait danser la vie, ainsi que dans les ports
Les bricks sur la vague marine,

Le clair vent printanier qui ressemble à l’espoir,
Vient-il s’attacher comme une aile
A ton corps embué que je ne sais plus voir,
Perdu dans la vie éternelle ?




O Mort, secret tout neuf, et l’unique leçon
Que jamais l’esprit n’assimile,
Mendiant affamé, dont la noire sébile
Fait tinter un lugubre son ;

O Mort, unique but, abîme où chacun verse,
Sans que jamais nul ne l’aidât ;
Cadavre humain qui fis, dans un jardin de Perse,
Trébucher le jeune Bouddha ;

O Mort, dont la cruelle et sordide indécence,
Provocante et s’étalant là,
Rendit sombre à jamais, au sortir de la danse,
L’adolescent de Loyola ;

Figure universelle, et que toujours l’on voile,
Montre-moi bien tes yeux rongés,
Afin que, sous la paix divine des étoiles,
Dans ce parfum des orangers,

Ce soir, le front levé vers la nue qui m’enivre
Par son éclat voluptueux,
J’oppose à la fureur unanime de vivre
Un cœur à jamais dédaigneux !