Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est le « Ministère de réorganisation anglais. » Partout on s’est rendu compte, depuis longtemps, que, suivant la parole d’un ministre anglais, « le pays qui pourra commencer à produire le premier prendra sur les autres un avantage énorme. » Partout on comprend que ce premier problème résolu, il s’en imposera, pendant bien des années, toute une série d’autres. Chez nous aussi, je n’ai pas besoin de le dire, on est à l’œuvre, et l’on prépare un plan de réorganisation économique, qui doit servir de base à nos négociateurs lorsqu’ils discuteront le futur traité de paix. La notion est si logiquement inspirée par les circonstances, elle a déjà donné lieu à tant de controverses, d’études, de rapports, d’articles, de livres, de vœux, de résolutions, que l’énoncer une fois de plus pourra sembler la redite vaine d’une banalité. Il ne s’agit pas, en effet, dans la série d’articles que nous nous proposons de publier ici, d’instruire les spécialistes, ni même les hommes d’Etat qui possèdent déjà tous les éléments de discussion, entre lesquels il leur reste seulement à faire un choix judicieux. Mais une mise au point impartiale pourra néanmoins sembler de quelque utilité. L’état de guerre a mis en lumière et révélé au public un certain nombre de problèmes, qui préexistaient et que les économistes connaissaient de longue date, mais dont eux-mêmes parfois ne soupçonnaient pas toutes les répercussions. A l’état de santé, un organe fonctionne et accomplit son office à notre insu. Le jour où il commence à pâlir, nous nous apercevons à la fois de son existence et de sa nécessité.

Le sujet très vaste, presque trop vaste, que nous nous proposons de traiter, comporte une série d’applications particulières qui seront envisagées plus tard et quelques principes généraux, auxquels nous voulons nous restreindre aujourd’hui. Nous allons développer cette idée que notre industrie doit être remise en marche suivant un programme de rigoureuse économie scientifique, associée à l’esprit d’initiative. Nous trouverons là incidemment une occasion de faire un peu mieux connaître le rôle national du technicien industriel, de montrer ce qu’il cherche et comment il travaille, de signaler l’importance que présentent parfois, pour les destinées mêmes du pays, des économies de centimes réalisées par lui judicieusement sur un prix de revient. Nous rappellerons, en effet, à l’occasion, que ces économies permettent de soutenir contre l’étranger une