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qu’ils font débuter en 1890, est appelée par eux la période des canons à fils d’acier.

Le procédé consiste essentiellement à enrouler autour d’un tube central, avec une certaine tension, un fil ou un ruban d’acier formant des spires jointives ; sur la première couche est enroulée une seconde couche avec une tension plus grande et ainsi de suite. Les couches successives jouent le même rôle que les rangs de frettes. Les tensions successives à donner au fil se calculent très facilement, grâce aux procédés élégants de Moch.

Les avantages du procédé sautent aux yeux :

1° La réduction de chaque frette à la partie utile, l’augmentation très grande du nombre des frettes donnent des canons de résistance maximum pour un poids donné, ou, ce qui revient au même, les canons les plus légers possibles pour une résistance donnée ;

2° Cela, nous l’avons établi théoriquement, en considérant un acier donné toujours le même. Mais c’est en réalité encore bien plus vrai lorsqu’on considère les métaux pratiquement employés. Le fil d’acier par suite du travail de la tréfilerie, qui lui donne une structure fibreuse spéciale, a en effet une résistance par unité de section bien supérieure à celle des meilleurs aciers.

En fait, la résistance des fils d’acier est au moins triple de celle du lingot d’où ils proviennent.

3° Il est beaucoup plus facile de donner à ce fil la tension voulue que de poser une frette avec un serrage donné. Il suffit de faire supporter au fil pendant qu’on l’enroule un poids déterminé.

Pratiquement, l’opération se fait avec beaucoup de simplicité, à froid, au moyen d’un tour sur lequel est le canon et d’une bobine de fils que déroule automatiquement le tour, à une vitesse de plusieurs dizaines de tours par minute, tandis qu’un poids suspendu à une poulie donne au fil la tension nécessaire. Le frettage d’un canon se fait ainsi mécaniquement, sous la surveillance d’un ou deux simples manœuvres dont le seul rôle est de modifier le poids tenseur et de passer le fil au bout de sa course dans les gorges placées aux deux bouts du tube et où on le force d’un coup de marteau.

En fait, ce ne sont pas précisément des fils, mais des rubans d’acier, que l’artillerie anglaise emploie pour ses canons, rubans qu’on a gardé l’habitude d’appeler fils (wire), dont l’usage a été introduit par la maison Armstrong et qui ont de 1 à 1 mm. 5 d’épaisseur. Ils sont livrés en brins de 1 000 ou 1 500 yard. (914 ou 1 371 mètres, qu’il faut d’ailleurs raccorder, puisque, par exemple, la pièce de