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qui tend à fendre le tube dans sa longueur, suivant une génératrice de moindre résistance, à le faire éclater ;

2o Un effort longitudinal qui s’exerce contre le culot du projectile qu’il chasse, contre la culasse qu’il tend à arracher et qui produit le recul.

Il se développe en outre d’autres actions secondaires plus ou moins dangereuses : la fatigue du métal due aux vibrations que cause la pression brusquement développée, la tendance à l’arrachement des couches intérieures du tube et la torsion des rayures par le projectile, les capricieuses érosions chimiques que causent les gaz de la poudre et auxquelles nous avons déjà fait allusion. La plupart de ces effets ne sont pas calculables. Aussi pour en tenir compte on se borne dans la construction des bouches à feu à s’imposer une certaine marge de sécurité, au-delà de ce qu’a indiqué le calcul pour les résistances transversales et longitudinales de la pièce qui sont d’ailleurs les données de beaucoup les plus importantes ici.

Il va sans dire qu’avant tout le canon ne doit pas se rompre sous l’action des efforts transversaux et longitudinaux dus à la pression de tir. Mais cette résistance à la rupture ne suffit pas. Pour que la pièce puisse faire un bon service, il faut, nous l’avons dit, qu’après chaque coup tiré elle revienne, en vertu de l’élasticité du métal, exactement à sa forme et à ses dimensions primitives. L’élasticité d’un métal est définie pratiquement par la plus grande résistance qu’il peut présenter à la déformation permanente : ainsi on dit que la limite d’élasticité d’un acier est de 30 kilogs par millimètre carré, c’est-à-dire 3 000 kilogs par centimètre carré, lorsqu’un fil de cet acier, de un millimètre carré de section, subit un allongement permanent si on y suspend un poids de 30 kilogs, tandis que, sous une charge moindre, il s’allonge mais reprend ses dimensions primitives si la charge cesse d’agir.

Considérons maintenant l’effort transversal que subit un canon constitué par un tube simple et d’une seule pièce, et qui tend à le faire éclater. Sous la pression de la poudre, les couches concentriques de ce tube travaillent très inégalement et la résistance de l’ensemble est naturellement limitée par celle de la couche la plus fatiguée. Or, il est facile de voir et de montrer que c’est la couche interne qui est celle-ci.

En effet, la pression des gaz distend cette couche annulaire interne dont le diamètre augmente ; elle presse donc sur la couche suivante qui s’allonge à son tour et ainsi de suite. Or, si l’on admet que les