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REVUE SCIENTIFIQUE

LES CANONS À FIL D’ACIER

Depuis les tirs de « Bertha » sur la région parisienne, l’attention du public… et des techniciens eux-mêmes s’est portée plus que jamais sur la puissance des pièces d’artillerie, sur ce qu’on en peut attendre dans le présent et dans l’avenir.

Il n’est guère de question plus passionnante à l’heure actuelle, que l’on considère les faits de guerre d’aujourd’hui ou ceux de demain. Et l’on a non seulement le droit, mais le devoir absolu, au point de vue technique, de faire l’hypothèse que la guerre peut encore durer très longtemps. C’est pour avoir eu peur de cette perspective qu’en 1914 on arrêta d’abord et on cessa de perfectionner l’étude des engins de combat, erreur provenant d’une vue trop courte et timide des événements, et qui ne fut pas sans conséquences déplorables.

Vive ut cras moriturus, proclamait le poète antique dans la douce ataraxie du farniente pacifique. Il faut, au contraire, quand il y a la guerre, — et c’est une preuve de plus que celle-ci n’a que de lointains rapports avec la poésie, — vivre et agir comme si elle devait durer toujours. C’est sans doute la meilleure manière d’en abréger la durée. Et c’est pourquoi il n’est guère à l’heure actuelle de question plus passionnante que l’étude des moyens qui permettent ou permettraient d’augmenter la puissance des canons.

On n’attend point de moi d’ailleurs que j’apporte ici à cet égard des données qui doivent rester secrètes. La censure personnelle que