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LA
TERRE PENDANT L’ÉPREUVE

LA VOCATION PAYSANNE

Nous avons déjà parlé dans la Revue de la vocation paysanne[1]. Nous y revenons aujourd’hui parce que, du fait de la guerre, qui prépare à nos campagnes une crise effrayante de main-d’œuvre, la question prend un intérêt immédiat, comme aussi sur certains points une véritable nouveauté. Et, si cette dernière a besoin qu’on la montre et l’explique pour devenir profitable, n’est-ce pas un devoir de le faire ?

Les événements actuels sont d’une telle ampleur qu’ils amèneront forcément de nombreux et profonds changements : on s’applique à les prévoir, non sans en être ému ; la pensée se hausse pour les comprendre, le langage pour les exprimer on évoque les plus grands moments de l’histoire, et ceux que nous vivons n’en sont pas dépassés. L’humanité franchit un passage : on parle d’un « ordre nouveau des choses » qui va naître, on l’annonce plus lumineux et plus beau. Il y a de l’anxiété dans les âmes, peut-être quelque chose du solennel frisson, noté, dit-on, par Virgile, dont se sentit tressaillir

  1. La Vocation paysanne et l’École, — Revue du 1er juillet 1912.