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asiatiques et des provinces russes de l’Est et du Centre peuvent être considérées comme aisées.

De proche en proche, par cette jonction et cette contiguïté graduelle entre les forces japonaises et chinoises et les territoires russes, le front d’Asie se déplacerait de façon à faire de plus en plus l’office de l’ancien front effondré. Et derrière ce front une Russie se reconstituerait.

Tel est l’espoir que forment et qu’expriment le « Comité russe d’Extrême-Orient » créé à Kharhine sous la présidence du général Horwath, directeur du chemin de fer de l’Est chinois, et la plupart des organismes qui, sur la route de la Sibérie à l’Oural et au Volga, essaient de lutter contre la tyrannie bolcheviste. Tous sentent que c’est de ce rôle et par cette voie que peut venir le salut. A mesure que les difficultés s’accroissent pour l’Allemagne dans ses tentatives alternativement hypocrites ou violentes dans l’Oukraine, en Crimée, sur la mer noire et le Caucase, le relèvement russe se ferait sur l’antique route des steppes entre les frontières de Mandchourie, de Mongolie et l’immense vallée du Volga.

Au moment où j’achève cette étude, les derniers télégrammes d’Extrême-Orient annoncent que les Tchéco-Slovaques, poursuivant leur marche, auraient atteint Vladivostok, y auraient renversé le gouvernement du soviet et installé une administration contre-révolutionnaire. — La ville d’Irkoutsk, d’autre part, sérail tombée au pouvoir des troupes tcherkesses (circassiennes) commandées par le général Alexeieff. Enfin nous parvient le texte de l’ordre du jour qui aurait été voté le 18 juin à Kharbine dans une imposante manifestation provoquée par le Comité russe d’Extrême-Orient, et qui constitue l’appel le plus pressant aux Alliés pour les supplier de venir en aide à la Russie. « Seul un secours immédiat des Alliés, est-il dit dans cet appel, pourrait arrêter la marche de l’Allemagne, contribuer à l’assainissement moral du peuple russe et à la création d’une nouvelle armée russe, prête à assister les Alliés dans la lutte commune contre le militarisme germanique pesant sur l’univers. Le Japon seul, étant notre voisin, peut, de concert avec les autres Alliés, nous envoyer sans délai des troupes vaillantes. En adressant aux Alliés la prière instante de nous donner leur secours, nous espérons trouver auprès d’eux un accueil favorable. »

Un tel ordre du jour, si pathétique, ne peut-il être considéré