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bien-être de l’Extrême-Orient, reconnaissant en outre la nécessité impérative de la coopération adéquate de la Chine et du Japon pour y faire face, les gouvernements des deux pays, après un loyal exposé de leurs vues, ont échangé le 25 mars deux notes entre le ministre des Affaires étrangères du Japon et le ministre de Chine à Tokyo. En conformité avec le but de ces notes, le gouvernement impérial a envoyé ultérieurement des commissaires représentant l’armée et la marine à Pékin, où ils ont conféré avec les autorités militaires et civiles chinoises. Deux accords ont été conclus, l’un le 16 mai relativement à l’armée, l’autre, le 19 du même mois relativement à la marine. Ces accords ne renferment que des arrangements concrets concernant la procédure et les conditions de la coopération des armées et des marines des deux pays à la défense commune contre l’ennemi en conformité avec les notes ci-dessus mentionnées du 25 mars. »

La convention militaire et navale ainsi conclue entre les deux gouvernements a pour objet la défense des deux pays, non-seulement sur leurs propres territoires, mais, le cas échéant, sur les territoires russes limitrophes. — Des dispositions ont été prévues, tant pour les opérations qu’il y aurait lieu d’effectuer, que pour l’utilisation des territoires, des ports, du matériel et des lignes ferrées. — Il est expressément stipulé que les territoires qui auraient été occupés pendant les opérations militaires seront évacués dès qu’aura pris fin l’état de guerre entre les deux gouvernements contractants et les puissances centrales. Il est marqué en outre qu’un accord devra être fait avec la compagnie sino-russe de l’Est chinois, soit pour le transport des troupes et du matériel, soit pour la garde de la ligne qui était jusqu’alors confiée à des troupes russes et qui sera désormais remise à des troupes chinoises.

Les stipulations ici résumées témoignent d’une part de la parfaite entente entre les deux puissances asiatiques qui ont les premières à se défendre contre la menace germanique à l’Est de l’Oural, et d’autre part de la préoccupation qu’ont ces deux puissances, non seulement de se préserver elles-mêmes, mais de sauvegarder les intérêts des Alliés et tout d’abord de la Russie. C’est donc une pensée généreuse et désintéressée, la pensée même de l’alliance qui, en présidant aux accords des 16 et 19 mai, les définit comme destinés à prévenir et combattre la pénétration, l’infiltration germanique dans les territoires