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maximalistes commencèrent à se montrer en Sibérie et tentèrent de s’y emparer des municipalités, l’envoi de bâtiments de guerre à Vladivostok et le débarquement de marins japonais dans ce port furent la riposte immédiate à ces premières alertes. Depuis cette date le gouvernement japonais n’a négligé aucune occasion, non seulement de surveiller d’aussi près que possible les événements, mais de préparer ou de prendre les mesures que les circonstances imposeraient. Il avait certes à tenir compte, soit des dispositions et sentiments de son Parlement, de l’opinion, de la presse qui, malgré la ferveur du patriotisme nippon, offraient parfois certaines divisions et divergences, soit de la pensée et de l’attitude des gouvernements amis et alliés qu’il avait le plus sincère souci et scrupule de consulter et de respecter. Quelques-unes des séances des Chambres de Tokyo ont prouvé que le gouvernement impérial avait, même en pleine guerre, à manœuvrer avec les partis. Parmi les Alliés, de même, le Japon ne pouvait se dissimuler qu’il avait certaines réserves ou susceptibilités à ménager. Il n’ignorait point enfin les difficultés d’exécution auxquelles il pourrait se heurter. Mais, avec sa méthode et sa lucidité coutumières, il se représentait avant tout la lâche qu’il pouvait avoir à accomplir, les moyens auxquels il devrait avoir recours pour s’en acquitter, les ressources et auxiliaires qu’il aurait à s’assurer.

C’est dans ce dessein qu’au mois de mars dernier, lorsque les visées allemandes parurent se diriger au-delà même de l’Oural et jusqu’au plus lointain Orient, dont l’aveuglement ou le complicité maximaliste ouvraient la route, le gouvernement japonais prenait l’initiative d’entamer avec le gouvernement chinois des pourparlers qui, activement conduits, ne tardèrent pas à aboutir. Dès la fin de mars, les cabinets de Tokyo et de Pékin étaient d’accord en principe sur la nécessité de défendre le territoire chinois contre l’éventualité d’une entreprise hostile et sur les mesures à prendre à cet effet. Quelques semaines plus tard, vers la mi-mai, était signée entre les deux gouvernements une convention dont le texte n’a pas été publié, mais dont une note officielle, reproduite le 30 mai dans la presse chinoise et japonaise, a nettement spécifié le caractère. « Etant donnée (ainsi s’exprime la note) la pénétration continuelle l’influence ennemie dans le territoire russe, qui met en péril la paix et le