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LE FRONT D’ASIE
ET
LA TÂCHE DES ALLIÉS

La présente guerre a eu, sinon pour vraie cause, du moins, et par la volonté des puissances germaniques, pour occasion ou prétexte, la question serbe, fragment elle-même de la question balkanique et de la question d’Orient. Dès le troisième mois de la guerre, au mois d’octobre 1914, l’Empire ottoman, travaillé d’ailleurs depuis quinze ans par l’action allemande, se rangeait aux côtés de nos ennemis. Au mois d’octobre 1915, c’était la Bulgarie, à son tour, qui, elle aussi sondée, préparée depuis le traité de Bucarest par les offres tentantes des cabinets de Vienne et de Berlin, passait à la coalition germano-turque et payait sa bienvenue par le coup de poignard contre l’héroïque Serbie. Et cependant, ce n’est qu’à la fin de l’année 1915, et non sans de grandes hésitations et difficultés, que fut constitué par les Alliés de Salonique à Monastir, puis à l’Albanie, le front d’Orient qui jusqu’alors s’arrêtait à la frontière russo-roumaine, sur le Dniester.

Mais lorsque, deux ans plus tard, par la défaillance de la révolution russe et par les désastreux traités de Brest-Litovsk, le front russe, de Riga à Czernovitz, s’effondra et que la Russie tout entière se trouva ouverte et livrée aux convoitises et à l’audace des puissances centrales, la nécessité est apparue, et de plus en plus s’impose, d’un front qui n’est plus seulement