Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/408

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Plus beau que nul trésor, puisque son cercle cèle
Un nom que seul je sais,
L’anneau mystérieux de la chaîne éternelle,
Qui me lie à jamais !


L’ADIEU


« Fermez, — dit-il, — fermez sur ce grand ciel d’automne
Cette fenêtre ouverte où s’accouda l’Amour ;
Que, de ses plis muets, l’ombre nous environne,
Et qu’au dehors sans nous s’achève ce beau jour !

« Emportez en vos bras ces roses trop ardentes,
Et joignez-y ces lis qui sont trop parfumés,
Afin que nous puissions, à la clarté des lampes,
Ne plus nous souvenir des couchants trop aimés.

« Une dernière fois reflétez votre image,
Au miroir de ces yeux que le temps va ternir,
Puis détournez de moi votre tendre visage,
Pour que ma solitude ait moins peur de mourir… »


ESTAMPE


Filles du vaste amour qui vous posséda toutes,
Elvire aux yeux baissés, Lucinde au corps divin,
Du fond du souvenir, ô lointaines, j’écoute
L’écho de votre voix qui s’exalte ou se plaint,

Julie en qui pleura la honte d’être heureuse,
Et toi, Pauline, et vous, Coryse, Aline, et vous,
Alberte, qui chacune, en estampe amoureuse,
Charmâtes tour à tour mon désir à genoux,

Vous dont j’ai célébré jadis le cher visage
Et le regard avide, hypocrite ou charmant,
Accueillez cette sœur dont je mêle l’image
A celles que de vous trace un trait différent,