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montait à peu près à 9 milliards ; mais, comme les biens ainsi frappés à tour de rôle sont ceux qui changent de mains, l’acheteur et l’héritier pouvaient se figurer que l’impôt pesait sur le vendeur ou sur le défunt.

Les impôts actuels et futurs vont « socialiser » une portion beaucoup plus forte de l’avoir des nouveaux comme des anciens riches. Ils ne détruiront pas la richesse, et c’est à peine s’ils augmenteront son instabilité, tellement, en tous les temps, le privilège d’argent fut précaire et bref. Peut-être en changeront-ils quelque peu la forme, qui deviendra plus fluide et collective, avec une agriculture industrialisée et la terre mobilisée par des sociétés anonymes.

Mais l’Europe, dans son ensemble, sera longue à recouvrer le niveau de bien-être, péniblement acquis par les générations précédentes. S’il a surgi de « nouveaux riches, » il n’a pas été créé de nouvelles richesses ; au contraire, il s’en est détruit beaucoup. Le gain des plus heureux ne représente qu’un « chiffre, » et ce chiffre n’est qu’une partie de la dette à payer par tous.


G. O’AVENEL,